Promu en 2022, le petit club catalan, auteur d'un départ canon, ne lâche pas: à la faveur d'un calendrier favorable, il est même toujours installé en tête de la Liga, avec 31 points en 12 journées -10 victoires et une seule défaite, cruelle, face au Real (3-0).
Une victoire samedi sur le terrain du Rayo Vallecano, et le Girona FC sera ainsi assuré de virer en tête après un tiers du championnat. Un destin incroyable alors qu'il y a deux ans de cela, à la même période, Gérone était 19e de deuxième division et se battait pour le maintien. Ses concurrents de l'époque? Leganés, Amorebieta et Alcorcon.
«Ce qui se passe n'est pas normal», avoue le directeur sportif gironiste Quique Carcel. «C'est une période de rêve, on hallucine tous. Aujourd'hui, je crois qu'on a marqué plus de buts que Manchester City (29 buts en Liga contre 28 en Premier League, NDLR), ce qui peut paraître totalement irréel. Et nous en sommes conscients.»
Interrogé en septembre par l'AFP, lorsque Gérone abordait la réception du Real dans la peau du leader avec 19 points en 7 journées, Carcel refusait de s'enflammer, estimant que le maintien demeurait l'unique objectif. A présent, malgré le revers cinglant face aux Madrilènes, Gérone vise plus haut.
- Objectif Top 6 -
«Après la défaite contre Madrid (3-0), on aurait pu croire que l'équipe allait chuter, mais on a gagné trois matches consécutifs contre des adversaires difficiles, dont deux à l'extérieur (contre Cadix 1-0 et Osasuna 4-2, NDLR) », souligne Quique Carcel.
«Maintenant, on doit essayer de lutter pour rester entre la sixième et la quatrième place, sachant qu'on a 31 points et un avantage sur les autres équipes engagées dans des compétitions européennes... Cela ne va pas être facile mais on va se battre», poursuit le Barcelonais.
Cet objectif est partagé par son coach Michel, pour qui Gérone ne joue toujours pas dans la même «ligue» que le Real, le Barça ou l'Atlético mais «rêve de concurrencer» les autres candidats à l'Europe, «la Real Sociedad, Villarreal, le Séville FC ou l'Athletic Bilbao».
Ville moyenne de quelque 110.000 habitants située à proximité des Pyrénées et de la Costa Brava, à mi-chemin entre Barcelone et Perpignan, Gérone n'a pourtant jamais rivalisé avec ce genre d'équipes.
Mais son football offensif et généreux, où le danger peut venir de partout, rayonne dans un championnat parfois terne. Cette philosophie de jeu avait déjà permis aux Catalans de terminer la saison passée à la 10e place, à seulement quatre points d’Osasuna, qualifié pour les barrages de Ligue Europa Conférence.
- Bonnes pioches -
Pour construire dans la continuité, Quique Carcel a recruté malin, grâce notamment à la structure du City Football Group et son réseau de scouting tentaculaire.
Le club, dont le City Group du Cheikh Mansour, vice-président des Emirats arabes unis, possède 47% des parts, a pu s'offrir le renfort de l'attaquant ukrainien Artem Dovbyk, recrue la plus chère de son histoire (7,5 millions d'euros). Mais aussi ceux du milieu vénézuélien Yangel Herrera, acheté cinq millions à ManCity, et de l'ailier brésilien Savio, prêté par Troyes (L2 française), un autre membre du groupe.
Ces joueurs sont les protagonistes de ce début de saison historique, avec six buts et quatre passes décisives pour Dovbyk, trois buts et quatre passes pour Savio (19 ans), intenable sur son côté gauche, et quatre buts pour Herrera.
«Dovbyk a des qualités physiques exceptionnelles. Il a faim et veut être un buteur», décrit Quique Carcel. «Je pense qu'il peut faire encore mieux mais il nous donne ce que l'on recherchait avec cette capacité à gagner des duels devant, à prendre l'espace et être un joueur qui pèse sur les défenses.»
Sur le terrain, «la magie» opère, selon lui, car Michel dispose désormais d' assez de talents» pour développer son projet de jeu: «ne pas trop se soucier du résultat, et attaquer, attaquer pour mettre des buts».