Installé aux États-Unis depuis 1992, Ali Alaoui, que l’on connaît également sous le nom d’Alex Lalaoui, est aujourd’hui l’un des cadres les plus respectés du soccer américain. Instructeur principal à la Fédération de soccer des États-Unis (U.S. Soccer Federation), il forme entraîneurs et dirigeants à travers le pays et supervise de nombreux clubs et projets. Portrait d’un Marocain engagé, discret et influent.
Il a commencé son aventure dans le monde du coaching en 1998. «Ma première certification en football m’a été délivrée par la Fédération américaine, puis j’ai poursuivi tout le parcours de formation. Aujourd’hui, je possède quasiment toutes les licences», raconte-t-il. En parallèle des formations d’entraîneur, il a complété son profil par des formations de directeur technique et de responsable de structure: «Cela m’a permis d’acquérir une vision globale du fonctionnement d’un club. Sur le terrain, mais aussi en dehors».
Son expertise est aujourd’hui reconnue au niveau national. Il intervient dans les ligues régionales, notamment celle du sud, et encadre les programmes de licence fédéraux: «Je supervise plusieurs clubs et j’interviens aussi bien sur la formation que la structuration».
Ali Alaoui a dirigé pendant plusieurs années le club de Secaucus, dans le New Jersey. «J’y suis resté président cinq ou six ans, nommé par le maire de la ville et le conseil municipal. C’était une belle expérience», se souvient-il. Aujourd’hui encore, il reste actif dans plusieurs structures: «Je suis directeur technique de plusieurs clubs, et président d’un programme spécial destiné aux forces de l’ordre –policiers, militaires, etc.– qu’on appelle ici Dark USA Soccer. C’est un projet sérieux, supervisé à l’échelle nationale».
«Former des Marocains ici, c’est une immense fierté»
L’un de ses grands motifs de satisfaction reste la formation de techniciens marocains aux États-Unis: «C’est l’un des aspects les plus positifs de mon parcours. Quand j’ai commencé, il y avait très peu de Marocains. Aujourd’hui, on en voit de plus en plus, et ça me fait chaud au cœur».
Dans son ancien club de Secaucus, «environ 90% des entraîneurs étaient marocains. Tellement que les autorités locales se demandaient si c’était un club américain ou marocain», sourit-il. «Certains n’étaient pas convaincus au départ, pensant que ce milieu était difficilement accessible. Mais à force de travail et en suivant les bonnes étapes, ils ont réussi».
Impliqué dans la préparation de la Coupe du monde 2026 que les États-Unis coorganisent avec le Mexique et le Canada, Ali Alaoui se dit confiant sur l’aspect logistique. «Les infrastructures sont prêtes, les stades sont opérationnels. Le vrai défi est sportif».
Suivant de près le football marocain, Ali Alaoui n’a pas manqué les dernières sorties du Wydad en Coupe du monde des clubs. «Face à Manchester City, l’équipe a défendu en bloc bas, ce qui est logique contre un adversaire de ce niveau. Mais il y a eu des erreurs individuelles. Le premier but est évitable. Le gardien Benabid aurait pu mieux faire», analyse-t-il.
Sur le plan tactique, il souligne le déséquilibre au milieu: «Le Wydad a joué en 5-4-1, alors que l’adversaire était en 4-3-3. Cela a posé des problèmes»
«Le Maroc est sur la bonne voie. Grâce à Lekjaa»
L’évolution du football marocain ne le laisse pas indifférent: «Le Maroc est sur une excellente dynamique, et c’est en grande partie grâce à Fouzi Lekjaa. Il fait un travail exceptionnel, avec le soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI».
Selon lui, les progrès sont visibles dans toutes les catégories: «Hommes, femmes, jeunes… les résultats sont là. L’enjeu aujourd’hui est de renforcer encore la formation locale pour que davantage de talents émergent des clubs marocains».
Et de conclure: «Fouzi Lekjaa est un dirigeant visionnaire. Il laissera une empreinte durable, pas seulement au Maroc, mais à l’échelle internationale. Depuis les années 1970, on n’a jamais vu une telle impulsion. Ce qu’il fait est unique».
