Entre la rumeur, certes fantasque, d’un possible intérêt pour Cristiano Ronaldo, et l’éventualité de voir débarquer plusieurs Lions de l’Atlas, le Wydad de Casablanca, qualifié pour la première Coupe du monde des clubs à 32 équipes, semble naviguer entre rêve et stratégie. Mais à trop se concentrer sur les noms clinquants, le club risque de passer à côté d’une opportunité en or.
Grâce à la généreuse prime de participation versée par la FIFA (9,5 millions de dollars), le Wydad dispose d’une occasion unique pour repenser son projet sportif. L’enjeu: identifier clairement les besoins réels de l’effectif (défenseurs centraux, latéraux, milieux défensifs) afin de mener un recrutement cohérent, ambitieux, mais réfléchi.
L’objectif doit être clair: bâtir une équipe solide, capable de hisser à nouveau le club au sommet du football africain, tout en retrouvant sa suprématie sur le plan national.
Mais cela exige du pragmatisme, de la lucidité et surtout… du courage. Le courage de tourner la page d’un cycle usé, de mettre fin à certaines nostalgies qui freinent la reconstruction. Le Wydad n’a pas besoin de noms ronflants, mais de profils adaptés. Des joueurs impliqués, capables de gérer la pression, d’absorber la ferveur populaire et de répondre présent lors des grands rendez-vous. Ceux qui veulent bâtir une carrière, pas simplement se relancer.
Car si le Mondial des clubs représente une formidable vitrine, il ne doit pas devenir un piège. Le piège de la précipitation, des paillettes, du «buzz» éphémère. Construire une équipe ne consiste pas à empiler des CV. Il s’agit de bâtir une alchimie. Et cela passe par une vraie politique sportive, menée par des décideurs qui comprennent les besoins du terrain, pas ceux de la tribune présidentielle.
Le Wydad doit retrouver une identité: celle d’un club conquérant, rugueux, collectif, fidèle à son histoire. Pas celle d’un club attiré par le bling-bling sans lendemain. La meilleure des réponses ne viendra ni d’un Pogba, ni d’un Ramos. Elle viendra de joueurs engagés, prêts à transpirer pour le blason rouge et blanc, à écrire une nouvelle page de l’histoire du club.
À quelques jours du coup d’envoi du tournoi, le temps presse. Mais il n’est pas encore trop tard pour faire les bons choix. Ceux qui permettront au WAC non seulement de bien figurer au Mondial, mais surtout de relancer un cycle vertueux à long terme, notamment avec la participation en Coupe de la CAF la saison prochaine.