C’est le propre de la Botola Pro D1 Inwi: pas une semaine ne passe sans que l’on n’entende parler du limogeage d’un entraîneur d’un club de l’élite, ou que d’autres sont sur des sièges éjectables. On change de coach comme on change de chemise.
Ainsi, lors de la saison en cours, et avant le début de la deuxième moitié du championnat, pas moins de neuf entraîneurs ont été déjà remerciés pour cause de résultats insuffisants. Certains «à l’amiable», d’autres loin de l’esprit d’apaisement.
C’est le prestigieux Raja de Casablanca qui a ouvert le bal de cette valse des coaches, en limogeant son entraîneur bosnien Rusmir Cviko, après seulement deux journées de championnat, marquées par deux défaites face à la Renaissance sportive de Berkane et à l’Ittihad de Tanger, malgré la qualification en phase de groupes de la Ligue des champions africaine.
Le successeur de Rusmir Cviko, le technicien portugais Ricardo Sá Pinto, appelé au chevet d’une équipe vraisemblablement en mal de repères, a subi également le même sort pour n’avoir pu redresser l’échine des Aigles Verts. Comme le Bosnien, Sa Pinto n’a duré que deux mois.
Limogeages à la pelle
Pour sa part, l’AS FAR a emboité le pas au Raja, en congédiant son entraineur polonais Czesław Michniewicz, après seulement deux mois d’exercice en le remplaçant par le Français Hubert Velud.
Le Difaâ Hassani d’El Jadida n’est pas en reste, puisque sa direction n’a pas mis beaucoup de temps pour remercier le Portugais Jorge Paixao, qui a mené le DHJ vers le retour à la D1. Zakaria Aboub a été sollicité pour prendre les commandes. Ce dernier risquerait aussi de ne pas terminer la saison.
De même, le Moghreb de Tétouan a mis fin aux fonctions du Croate Dalibor Starčević, au bout de quelques semaines. Appelé à la rescousse, le vieux routier Aziz El Amri s’est vu également acculé à plier bagage. En dépit de son statut de légende, El Amri a visiblement quitté le club nordiste sur de mauvais terme, puisque son départ a été marqué par une guéguerre par déclarations interposées.
Le COD Meknès, l’autre néo-promu de la D1, également dans une situation peu enviable au classement, a résilié le contrat du Tunisien Abdelhay Ben Soltane, relevé par Abdellatif Jrindou. Mais là encore, les résultats ne suivent pas. La lourde défaite (1-5) face au FUS, concédée lundi dans le cadre de la 15e journée, passe très mal auprès des supporters. Ce qui n’augure rien de bon pour Jrindou.
Enfin, dernier club à changer d’entraîneur, le Maghreb de Fès, qui a congédié le Suisse Guglielmo Arena, confiant l’intérim à Akram Roumani. Pourtant, le MAS, qui a comme objectif principal le maintien, a remercié Arena même en étant dans le sillage du podium.
Walid Belfkih
Y a-t-il des pilotes techniques dans l’avion?
Il va sans dire que ces nombreux changements d’entraîneurs impactent sérieusement la bonne marche et la stabilité des clubs. Et il est certain que cette fâcheuse tendance n’est pas près de s’arrêter, tant d’autres techniciens sont sur la sellette. Outre l’instabilité technique, virer un entraineur impacte directement les finances du club, avec les litiges qui se révèlent généralement quelques mois après.
Mais une question s’impose avec grande acuité: à qui la faute? A qui incombe le mauvais choix du patron du banc? Cela pose surtout la question de savoir s’il existe au sein de nos clubs d’élite des commissions techniques pour la désignation des techniciens, mais aussi des joueurs aptes à défendre leurs couleurs. En réalité, nombreux sont les clubs qui ne raisonnent que par l’immédiat. Rares sont les entités de l’élite qui disposent d’un véritable projet sportif sur un moyen et long terme. Dans la majorité des cas, le président du club et ses «accointances» est le seul maître à bord, y compris pour ce qui relève du sportif.
Se pose aussi et surtout la question de savoir à quel point ces limogeages grèvent les trésoreries (déjà défaillantes) des clubs. D’autant plus que d’autres entraîneurs ne manqueraient pas d’être remerciés lors des prochaines journées. C’est fort à parier.