La saison 2024-2025 touche bientôt à sa fin avec les barrages d’ascension et de relégation. Et comme souvent, la Botola Pro a joué son rôle de grand cirque national. Du suspense, des coups de théâtre, du bruit, des drames… et parfois, du football. Le niveau technique? On repassera. La plupart des équipes ont visiblement «copié-collé» quelques principes défensifs de Ssi Mhamed Fakhir.
Mais une compétition comme la Botola, c’est d’abord un show. Certes on n’était pas nombreux à s’agglutiner les soirs de matchs autour de nos écrans plats, mais avouons que, côté spectacle, on en a eu pour notre argent. Il y en avait pour tous les goûts.
La science-fiction? On ne sait pas exactement dans quel laboratoire Renaissance Sportive de Berkane a été conçue, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle fonctionne. Le club de l’Oriental a tué le suspense comme Thanos claque des doigts. Une seule défaite, un sacre cinq journées avant la fin, et un jeu d’une froideur clinique. C’est propre, maîtrisé, limite automatisé. En 15 ans, le club est passé de la 4ᵉ division à champion du Maroc, avec au passage deux Coupes de la CAF, trois Coupes du Trône et une Supercoupe. C’est du football augmenté. Trop bien huilé pour susciter une vraie émotion, mais terriblement efficace. Le genre de film qui décroche les prix mais laisse le public un peu à distance.
Le drame psychologique? L’an dernier, les Verts avaient conquis tout le monde avec un doublé historique. Cette saison, ils ont plongé dans une sorte de huis clos kafkaïen. Un effectif rajeuni, des cadres partis, une valse d’entraîneurs et des dirigeants aux abonnés absents. On dirait un scénario de film d’auteur où chaque personnage perd peu à peu ses repères. Le Raja a joué les funambules entre espoir et effondrement. Résultat: une 5ᵉ place, loin des ambitions affichées.
Le film d’action? Chez les Rouges, tout va vite, tout pète de partout, et on aime le spectacle. Après une saison blanche, le Wydad a repris du poil de la bête avec une qualification pour la prochaine édition de la Coupe de la Confédération. Mais comme dans tout bon film d’action, il y a aussi des ratés. Erreur de casting, foi aveugle en un certain «Guardiola africain», et à la tête de tout ce grabuge, un nouveau président en quête de légitimité, et vous avez un scénario bien chargé. Prochaine étape: la Coupe du Monde des Clubs cet été aux Etats-Unis. Hollywood, attention, Casablanca arrive.
Le film d’auteur? Le FUS ne cherche pas la lumière. Il construit, il propose, il expérimente. 4ᵉ du classement, jeu soigné, club stable. Rien d’extravagant, mais une vraie patte. C’est le genre de film qu’on recommande entre passionnés. Pas de coups d’éclat, pas de scandales, pas de punchlines. Juste du travail. Et dans une Botola en perpétuel tumulte, ça mérite d’être souligné.
Le mélodrame? Relégués en seconde division, le Moghreb de Tétouan et le Chabab de Mohammédia s’en sont bien chargés.
Le film de guerre? Les matchs de l’AS FAR disputés à Kénitra semblent sortir tout droit de l’âge de pierre. Assister à une rencontre au stade municipal, en chantier perpétuel depuis près de dix ans, c’est risquer la conjonctivite. Derrière les joueurs, le décor est surréaliste: pelleteuses, briques empilées, béton à ciel ouvert… Et pendant que le Maroc se prépare à accueillir la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030, Kénitra, elle, semble figée dans la préhistoire. Mais surtout… pas un mot! Les élus locaux préfèrent que vous gardiez le silence. Il ne faudrait pas les réveiller de leur longue hibernation.
La série? Aït Menna semble condamné à caler face au Raja. À la tête du SCCM, il a multiplié les revers contre son «ennemi» casablancais. En reprenant les commandes du Wydad, il espérait tourner la page. Mais rien n’y fait: deux derbies, deux matchs nuls, et toujours pas l’ombre d’une victoire. Un léger progrès, peut-être. Mais la malédiction, elle, semble lui coller à la peau.
Le polar judiciaire? Cette saison, la Botola s’est aussi jouée… au tribunal. Mohamed Boudrika arrêté comme dans une série allemande, Saïd Naciri soupçonné de loucher vers des affaires qui n’ont rien à voir avec le foot, et Aziz El Badraoui accusé de recycler un peu plus que des déchets. On a eu droit à une version locale de Prison Break.
Alors oui, côté foot, ce n’était pas le Pérou. Mais pour le reste, on a eu droit à un grand cru de cinéma national.