Ce funambulisme est une preuve supplémentaire du manque de rigueur de cette instance, qui n’arrive plus à organiser ses événements majeurs, le CAN comme le CHAN, dans les délais impartis. Une situation qui dure depuis 2019.
Pour évoquer le cas de la CAF, il faudrait peut-être adapter la fameuse réplique d’Ellie Walach, dans le non-moins culte western spaghetti, de Sergio Leone «Le bon, la brute et le truand». Le monde du football est divisé en deux: il y a ceux qui organisent leurs compétitions en temps et heure, respectent les supporters, les sponsors, les diffuseurs télé, et il y a la Confédération Africaine de Football.
Celle-ci, censée s’occuper des maux structurels du football, dans le continent le moins nanti de la planète, n’arrive pas à donner un motif d’espoir aux supporters, désireux de voir les enfants de l’Afrique se réunir et fêter leur football.
La plupart de ses initiatives sont des bugs, des flops ou, même pour ceux qui voient le verre à moitié plein, des réussites à moitié.
Prenons le cas du CHAN par exemple. A l’origine cette compétition, fruit de la volonté de l’ex Président Feu Issa Hayatou, avait pour idéal de valoriser le produit local.
L’édition qui doit avoir lieu courant 2025, probablement en août, selon le dernier communiqué, n’était même pas prévu dans l’agenda des compétitions pour l’année en cours. En Septembre dernier, l’idée de le remettre sur les rails est sortie du chapeau du Secrétaire Général.
Ce dernier, que beaucoup sur le continent considèrent comme le véritable homme fort de la CAF, a fait le forcing pour la placer en février, contre l’avis de nombreuses fédérations. Les éliminatoires du CHAN ont même piétiné le calendrier des compétitions des clubs, repoussé d’un mois, histoire de programmer des qualifications cocotte-minute fin octobre et fin décembre.
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Ce funambulisme a été acté par le ComEx, et les plus utopiques ont commencé à espérer que cette compétition hétéroclite à 19 (ou 18, ou 17) aurait lieu dans les délais impartis.
Pour activer cette dynamique, «Brother» Patrice Motsepe a pris son bâton de pèlerin et effectué plusieurs safari-inspections au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, avec l’objectif de suivre de près le lifting des stades, des terrains d’entrainement et des infrastructures hôtelières etc.
Chaque sortie médiatique du patron du football africain se voulait rassurante, y compris celle qu’il a effectué tout sourire il y a peine quelques semaines, promettant le «meilleur CHAN jamais organisé».
Visiblement ce n’était qu’une déclaration pour donner le change, car ses visites lui avaient clairement fait voir la réalité. Les trois hôtes, hormis la Tanzanie, ne seront pas prêts.
Et à défaut de plan B disponible, la compétition pourrait être annulée, à moins que «Brother» Patrice ne fasse preuve de sa diplomatie habituelle et ne trouve une solution salomonique.
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Un report argumenté avec un communiqué où la CAF viendrait au secours de ces trois Etats, qui auraient émis en amont une requête déférente. Autre élément à prendre en compte dans ce report, la volonté du Président d’inclure des sélections telles que l’Egypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud, dans une tentative de rehausser le niveau d’une compétition qui n’emballe pas, comme le prouvent les nombreux désistements.
Rappelons au passage que ces trois pays n’ont même pas daigné s’inscrire pour jouer les éliminatoires. Une autre anomalie qui vient s’intégrer à la confusion d’un tournoi à 19, pas à 12, 16 ou même 24 comme cela se fait partout dans le monde.
Pendant ce temps, les fédérations sérieuses -comme la FRMF- doivent subir ces processus, où l’on décide d’une chose un jour et l’on fait son contraire, quelques jours après. Comment avoir la moindre idée sur le calendrier et avoir une compétition locale saine, lorsque les clubs marocains, compétitifs sur le plan continental, ne peuvent en anticiper les rendez-vous?
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Même la réservation de billets et de l’hébergement, déjà bien compliqués, deviennent «Mission impossible». Sans parler des coûts supplémentaires, engendrés par les nombreux changements. Les saisons, déjà à rallonge, sont rendues interminables et illisibles.
D’ailleurs, le mois d’août avancé par la CAF, est en général réservé à la préparation du nouvel exercice 2025/2026, puisqu’il faudra commencer plus tôt que d’habitude, Coupe Arabe, CAN et Mondial 2026 obligent. A moins que le boulet, représenté par le mode de gouvernance actuel de la CAF, basé sur le politiquement correct, ne fasse encore des dégâts d’ici-là.
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