Maroc effacé de sa CAN féminine: une défense algérienne tirée par les cheveux

Le logo de Royal Air Maroc, sponsor officiel de la CAN féminine, a été remplacé par la télévision algérienne lors de la première conférence de presse du sélectionneur Farid Benstiti.

VidéoLa CAF a ouvert une enquête contre l’Algérie pour des faits présumés survenus lors de la CAN féminine 2024. En cause: des actes répétés visant à effacer toute référence au Maroc, pays hôte du tournoi. Face aux éléments accumulés, la défense algérienne apparaît fragile et peine à convaincre.

Le 11/07/2025 à 12h58

La Confédération africaine de football (CAF) a ouvert une enquête officielle, ce jeudi 10 juillet, visant la sélection nationale féminine d’Algérie. «La Confédération africaine de football (CAF) a ouvert une enquête à l’encontre de la sélection nationale féminine d’Algérie pour des faits présumés de violation des statuts et règlements de la CAF, dans le cadre de la Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies, Maroc 2024, actuellement en cours. La CAF ne fera aucun autre commentaire sur cette affaire tant que la procédure n’aura pas été menée à son terme», peut-on lire dans le communiqué de l’instance panafricaine.

En clair: une série d’agissements répétés et systématiques ayant pour but d’effacer toute référence au Maroc, pays hôte de cette CAN féminine 2024.

Dès le début du tournoi, les signes ne trompaient pas. Sur les visuels de la Fédération algérienne de football (FAF), la mention «Maroc 2024» avait mystérieusement disparu. Puis, lors de la première conférence de presse du sélectionneur algérien, Farid Benstiti, un autre détail a attiré l’attention: le logo de Royal Air Maroc, sponsor officiel, pourtant visible sur les panneaux au moment de l’enregistrement, a été remplacé à l’écran lors de la diffusion télévisée algérienne par celui d’un autre partenaire. Un effacement numérique parfaitement exécuté. Mais pas très discret.

Face à ces accusations claires et documentées, la contre-attaque algérienne ne s’est pas fait attendre. Une vidéo, filmée au stade Père Jégo à Casablanca, a rapidement été relayée par les comptes algériens sur les réseaux sociaux. On y voit des volontaires, ruban adhésif en main, masquant l’écusson de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) sur le banc de touche. Pour les médias algériens, la preuve était toute trouvée: c’est le Maroc qui chercherait à manipuler la communication.

Sauf que, factuellement, cette vidéo ne plaide en rien en faveur de la FAF. Au contraire. C’est bien la CAF elle-même qui a demandé que ce logo soit masqué. Une responsable de l’instance l’a précisé à plusieurs journalistes marocains présents hier au stade à l’occasion du match Tunisie-Algérie (0-0): la FRMF n’est pas coorganisatrice de cette CAN féminine. Et dans une compétition dont seule la CAF est l’organisatrice, le logo d’une fédération locale ne doit pas figurer sur certains éléments techniques. Point.

Ce détail, purement administratif, n’a rien à voir avec une volonté politique. Mais du côté algérien, cette scène a été montée en épingle pour détourner l’attention des vrais problèmes: ceux qui viennent de chez eux.

La ligne défensive algérienne s’effondre au premier souffle sérieux. Elle repose sur des bouts de séquences sorties de leur contexte, mais elle ne répond jamais aux vraies questions. Pourquoi avoir effacé «Maroc 2024» des visuels officiels? Pourquoi avoir retouché les images diffusées à la télévision publique pour masquer le logo de RAM? Pourquoi ce besoin maladif d’effacer toute trace du pays hôte?

On ne parle pas ici d’un excès de prudence ou d’un malentendu technique. On parle d’une politique médiatique assumée. Celle d’une marocophobie étatique, exécutée avec précision. Dans cette CAN féminine, tout ou presque est marocain: les infrastructures, l’accueil, les bénévoles, la logistique, l’enthousiasme du public… Et pourtant, dans le discours algérien, le Maroc n’existe pas.

La scène la plus révélatrice de ce malaise est pourtant bien plus silencieuse. Elle tient en une réponse. Interrogé sur la qualité de l’organisation et de l’accueil au Maroc, Farid Benstiti, répond longuement, calmement, poliment. Mais sans jamais prononcer un mot: Maroc.

«Le pays hôte», dit-il. «L’organisation de la CAF», ajoute-t-il. Pas un mot de plus. Ce n’est plus un oubli. C’est une stratégie. Un effacement volontaire, presque maladif. Le mot Maroc semble devenu une ligne rouge à Alger.

Ce silence n’est pas neutre. Il est lourd de sens. Il dit tout d’un rapport crispé, d’une posture de déni, d’un choix politique assumé. On ne félicite pas. On ne remercie pas. On ne reconnaît pas. On efface.

Une attitude que certains observateurs algériens eux-mêmes peinent à comprendre. C’est le cas d’Abdou Semmar, journaliste et fondateur du média Algérie Part, qui dénonce une dérive obsessionnelle.

«La fédération algérienne, les médias algériens, ont pour instruction de censurer, de cacher, de dissimuler tous les visuels, les logos qui sont en relation avec le Maroc. Cette volonté frôle la folie, déplore-t-il. Il ne s’agit pas d’être pro ou anti-Maroc, il s’agit juste de bon sens. Le tournoi se joue au Maroc, c’est un fait. Vouloir à ce point l’effacer de la communication officielle, c’est absurde».

Et de poursuivre: «si l’Algérie ne voulait pas participer, elle n’avait qu’à boycotter. Si tu ne supportes pas que le Maroc organise un tournoi sportif, si tu es à ce point allergique au Maroc, n’y va pas.».

Semmar dénonce enfin une incohérence politique: «on diabolise Royal Air Maroc, mais on remplace son logo par celui de TotalÉnergies. Pourtant, on dit être en froid avec la France. Où est la logique?»

Dans son communiqué, la CAF reste prudente. Elle parle de «violations présumées», sans entrer dans le détail. Mais en interne, l’affaire est prise au sérieux. Parce que les enjeux ne sont pas anecdotiques: ce sont des engagements contractuels, des droits de diffusion, des obligations de sponsoring, des millions de dollars et surtout, une crédibilité à protéger. Et en acceptant que des fédérations manipulent des visuels officiels ou réécrivent les éléments de langage selon leur agenda politique, la CAF prendrait le risque d’ouvrir une brèche.

En gros, un château de cartes ne tient pas sur un seul joker. Et la défense algérienne, montée à la va-vite sur des morceaux de récits déformés, ne résistera pas longtemps.

Par Adil Azeroual
Le 11/07/2025 à 12h58