Et si El Aynaoui était la dernière pièce manquante?

Neil El Aynaoui

ChroniqueLe fils de l’ancien tennisman est peut-être ce chainon qui a tant fait défaut à l’entrejeu des Lions de l’Atlas. Son arrivée à quelques semaines de la CAN est une excellente nouvelle.

Le 13/10/2025 à 08h54

Beaucoup d’observateurs ont pris l’habitude de pointer le (relatif) dépeuplement de la ligne défensive des Lions, quand d’autres s’inquiétaient du «surpeuplement» de la ligne avant. En gros, trop d’attaquants et pas assez de défenseurs. Ils n’ont pas tort. Mais ils oublient de pointer la ligne du milieu parce que c’est là, précisément, que les Marocains ont toujours connu leurs plus grosses désillusions dans les précédentes éditions de la CAN.

Pour résumer, l’entrejeu marocain a souvent manqué de ce supplément d’aisance technique pour faire la différence en phase offensive et apporter des solutions. Pas plus aujourd’hui qu’hier, on ne va pas compter uniquement sur les raids de Hakimi à droite, surtout quand les spécialistes des petits espaces ou du jeu entre les lignes (Diaz ou Ben Seghir) manquent de jus. Il faut autre chose, un profil de joueur capable de casser les lignes tout en fermant la boutique derrière lui. Un genre de box to box, avec de la technique et de l’impact, capable de descendre très bas ou de remonter très haut.

Ce profil est rare parce que l’équilibre physique-technique ou défense-attaque est très difficile à trouver dans le football moderne.

Un Houcine Kharja, en son temps, se rapprochait de ces qualités, mais avec un certain déficit technique. Amrabat aussi, dont la progression semble s’être arrêtée. Ounahi est celui qui se rapproche le plus du moule, mais en théorie seulement: il a la technique, la vitesse, la vista et la lecture de jeu, mais il manque de constance et de volume, et il n’a franchi aucun palier depuis le dernier Mondial.

El Khannouss et Saibari, chacun dans son genre, peuvent être des alternatives. Mais à condition de descendre bas, ce qui ne cadre pas vraiment avec leurs qualités naturelles. Les deux garçons sont aspirés par le jeu d’attaque. Quand ils sont alignés ensemble, sans récupérateur-né derrière, c’est l’équilibre de toute l’équipe qui semble perturbé.

C’est là qu’on réalise combien l’arrivée (on pourrait presque parler de «recrutement», tant le joueur s’était fait attendre) d’un Neil El Aynaoui peut faire un bien fou à cette équipe. Face au Bahrein (1-0), et alors qu’il étrennait à peine sa troisième sélection, il donnait cette impression d’être partout sur le terrain, arrivant à la fois à protéger sa charnière centrale et à soutenir la ligne d’avant.

Ce n’est pas un hasard si Regragui, encore une fois, lui a fait jouer l’intégralité du match. Le coach sait qu’il y a quelque chose à construire dans ce milieu, et à partir d’El Aynaoui. Il est encore tôt pour juger de la qualité de la «greffe», il y a des circuits de passe à trouver, des repères et des automatismes à peaufiner. Mais le garçon marque des points: il est déjà très en jambes, mobile et entreprenant, il arrive à gratter des ballons et à trouver certaines transmissions. En plus, il peut marquer et sa progression est exemplaire comme en témoigne son parcours en club: Nancy, ensuite Lens, et aujourd’hui Rome. Demain, qui sait, il est capable d’aller encore plus haut.

La bonne nouvelle des derniers rassemblements des Lions, c’est lui. Ce n’est pas Walid Regragui qui dira le contraire.

Par Footix marocain
Le 13/10/2025 à 08h54