Cet intitulé, pastiche du célèbre titre d’un essai d’Alain Peyrefitte, ancien homme politique français, exprime la réalité du football africain tel qu’il nous est donné à voir, notamment lors des matchs qui se déroulent actuellement à Rabat et Tanger au titre de la Coupe d’Afrique des Nations des joueurs de moins de 23 ans.
Il était difficile d’imaginer en 1973 que la Chine, un pays pauvre à l’époque, allait devenir la deuxième plus grande puissance économique du monde, bientôt première si les tendances de progression observées ces dernières années se maintiennent. En 2023, cinquante ans plus tard, la même rhétorique peut s’appliquer à l’observation du football africain. Parent pauvre du football mondial, il ne bénéficie ni de ses généreux sponsors, ni de sa couverture médiatique, ni des énormes moyens dont dispose l’Europe, par exemple. Ces moyens sont nécessaires pour former, encadrer, suivre et accompagner l’évolution des joueurs et leurs équipes dans leur quête du très haut niveau.
Pourtant, le talent des joueurs n’est pas en cause et le spectacle offert par les différentes équipes participantes à la CAN U23 le confirme. Une certitude, les prestations sont dignes des réalisations des plus grandes compétitions du football mondial, quelques données le confirme. En ce qui concerne la moyenne des buts marqués en phase de groupe, la CAN U23, avec une moyenne de 2,58 buts par match, fait mieux que la moyenne de la phase de groupes du dernier mondial. Au Qatar, la moyenne était de 2,50. Un seul match sur 12 s’est terminé sur le score vierge de 0 à 0, c’était lors de la rencontre Egypte-Niger au cours de laquelle les Pharaons a touché les poteaux ou les transversales 5 fois. Au Qatar, ce sont 6 matchs sur 48 qui se sont soldés sur le score de 0-0.
Cette édition de la CAN des moins de 23 ans commence à trouver son public grâce, il est vrai, aux excellentes prestations des Lionceaux de l’Atlas, mais aussi aux performances des autres équipes participantes.
Un autre constat concerne le nivellement par le haut des équipes africaines. C’est ce qu’il ressort de ce tournoi; la généralisation des progrès accomplis. Les avancées techniques, individuelles et collectives ainsi que la maturité tactique des équipes participantes touchent un plus grand nombre de pays. Sans aller jusqu’à affirmer que l’on assiste aux prémices d’un nouvel ordre du football africain, l’apparition ou le retour de nouveaux noms annonce une compétitivité plus importante, génératrice de valeurs pour le continent dans un avenir très proche.
De grands noms du football africains ont été éliminé dès les phases éliminatoires: le Sénégal, le Nigéria, l’Algérie, le Cameroun, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Soudan et l’Afrique du Sud. D’autres ont quitté la compétition en phase de groupes, tels le Ghana et le Gabon, ancien vainqueur de la compétition. C’est resté sans effets compte tenu de la qualité des équipes encore en course. L’enjeu est de taille pour celles qui restent, il s’agit de remporter le titre de champion d’Afrique et de se qualifier pour la prochaine édition des Jeux Olympique à Paris en 2024. Les 4 demi-finalistes peuvent y prétendre, les trois premiers directement, le quatrième au terme d’un match barrage contre une équipe asiatique.
L’Egypte détenteur du titre des U23, le Maroc, pays organisateur qui s’est brillamment qualifié en remportant ses trois matchs de groupe, la Guinée, une équipe disciplinée et très solide tactiquement, et le Mali, une équipe spectaculaire dont la présence à ce stade de la compétition ne doit rien au hasard.
Il s’agit certes des équipes espoirs de leurs pays respectifs mais ce qu’elles ont démontré est prometteur. Un chamboulement de la hiérarchie du football mondial n’est pas pour demain, mais au moins pour après-demain. Il ne faut pas oublier que lors de la dernière Coupe du Monde, et c’est une première, les équipes africaines ont remporté plusieurs matchs face à des équipes européennes ou sud-américaines. Le Maroc a battu et, ou éliminé la Belgique, l’Espagne et le Portugal, la Tunisie a battu la France, le Cameroun le Brésil, le Sénégal l’Equateur sans oublier les défaites du Brésil en amical face respectivement au Maroc et au Sénégal.
Le football africain est en marche et la présence des Lions de l’Atlas en demi-finale au Qatar en 2022 ne sera probablement pas qu’un feu de paille, elle aura une suite, marocaine on l’espère, africaine très probablement.