À l’heure où les prodiges du football s’illustrent dès 16 ou 17 ans, à l’image de Lamine Yamal ou de Franco Mastantuono, un nom au goût de potentiel innabouti refait surface, comme écho à une autre époque: Hachim Mastour.
L’ex-pépite maroco-italienne, ancien espoir du Milan AC, raconte à L’Équipe l’histoire d’une lumière trop vive, apparue trop tôt. «À 14 ans, les meilleurs clubs d’Europe me voulaient. J’ai choisi l’AC Milan», se souvient-il. Il ne le savait pas, mais cette décision précoce allait déclencher une spirale d’attentes et de pression.
Dès ses débuts, une vidéo virale de lui avec les jeunes du Milan fait le tour des réseaux. Rapidement, tout s’enchaîne: Nike l’attache à son image, et une vidéo tournée avec Neymar enflamme le web. «À 16 ans, j’étais avec l’équipe première, aux côtés de joueurs extraordinaires: Robinho, Kaká, Balotelli...», confie le Marocain.
Un phénomène qui n’avait pas tardé à attirer l’attention du sélectionneur Badou Zaki, qui l’avait convoqué chez les Lions de l’Atlas en 2015: «J’étais très heureux. Il y avait beaucoup d’attentes sur moi à chaque match. J’aimais cette pression».
«La lumière est arrivée trop tôt. J’étais jeune, je ne voyais pas les dangers»»
— Hachim Mastour
Mais derrière le buzz, le vide: «La lumière est arrivée trop tôt. J’étais jeune, je ne voyais pas les dangers», regrette-t-il.
Livré à lui-même, sans réels repères, il poursuit: «Je n’étais pas bien entouré. Les gens et le système me voyaient comme une machine à fric, pas comme un garçon qui voulait réaliser son rêve».
Son unique cape avec les Lions de l’Atlas aurait pu marquer un tournant. Mais après un passage raté en prêt à Malaga, une offre ratée du PSG, un second prêt au PEC Zwolle, rien n’y fait.
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Mastour parle de conflits d’intérêts: «Certaines personnes voulaient tuer ma carrière, parce que je les avais quittées».
Derrière les projecteurs, la chute est rude. Lamia, Reggina, Zemamra, Touarga... Hachim n’arrive pas à se relancer: «Peut-être que j’ai fait de mauvais choix. J’ai probablement été trop vite».
Aujourd’hui de retour en Italie à Virtus Vérone (Serie C), Mastour se reconstruit. Il travaille avec un coach mental: «J’ai connu un moment de dépression. Mais la flamme est toujours là. Je sens que j’ai encore quelque chose à faire dans le foot». C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.