Au terme d'une audience en référé, les trois juges de la Cour fédérale d'Australie ont débouté le Serbe de 34 ans, enterrant ses espoirs de conquérir à l'Open d'Australie qui débute lundi un 21e titre en Grand Chelem, un record.
"Je suis extrêmement déçu", a réagi Djokovic dans un communiqué. "Je vais maintenant prendre du temps pour me reposer et récupérer", a souligné le joueur, dont la carrière pourrait pâtir lourdement de ce revers.
"Cela me met mal à l'aise que l'attention ait autant été portée sur moi ces dernières semaines et j'espère que nous pouvons désormais tous nous focaliser sur le jeu et sur le tournoi que j'aime", a encore ajouté "Djoko".
Il a quitté peu après Melbourne dimanche à 22h51 (12h51 françaises, 11h51 GMT) à bord d'un vol à destination de Dubai, a constaté une journaliste de l'AFP présente dans l'avion.
Ce départ précipité est l'épilogue d'un long feuilleton qui a commencé le 4 janvier, jour de son départ pour l'Australie, et tenu depuis en haleine le monde entier.
Autorisé à quitter le centre de rétention où il avait été placé samedi et où il avait passé plusieurs nuits après son arrivée mouvementée à Melbourne début janvier, Djokovic a suivi l'audience en ligne, qui a duré quatre heures, depuis les bureaux de ses avocats à Melbourne.
Devant la Cour, ses avocats ont qualifié le placement en rétention de leur client et son expulsion d'"illogiques", "irrationnelles" et "déraisonnables". Sans convaincre les trois juges de la Cour fédérale qui ont rejeté le recours à l'unanimité, sans possibilité d'appel.
"Sentiment anti-vaccination"
Dans ses conclusions déposées samedi devant cette même Cour, le ministre de l'Immigration Alex Hawke avait soutenu que la présence de Djokovic dans le pays était "susceptible de représenter un risque sanitaire".
Selon lui, elle encourageait "le sentiment anti-vaccination" et pouvait dissuader les Australiens de se faire injecter leur dose de rappel, alors que le variant Omicron se répand à grande vitesse dans le pays.
Novak Djokovic avait été bloqué à son arrivée en Australie le 5 janvier et placé une première fois en rétention administrative.
Le joueur, qui a contracté le Covid-19 en décembre, espérait bénéficier d'une exemption pour entrer dans le pays sans être vacciné, mais les autorités n'avaient pas accepté cette explication.
Le gouvernement australien avait subi un humiliant revers le 10 janvier quand un juge avait bloqué l'expulsion de Djokovic, rétabli son visa et ordonné sa libération immédiate.
Mais le ministre de l'Immigration avait contre-attaqué vendredi et annulé son visa pour la deuxième fois en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, invoquant "des raisons sanitaires et d'ordre public".
"Grands sacrifices"
Le gouvernement australien s'est félicité dimanche de sa victoire judiciaire, en pleine campagne électorale dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde.
"La politique ferme de protection des frontières de l'Australie nous a maintenus en sécurité pendant la pandémie", a affirmé le ministre de l'Immigration, Alex Hawke, dans un communiqué.
"Les Australiens ont fait de grands sacrifices pour en arriver là et le gouvernement Morrison est fermement décidé à protéger cette position" a-t-il ajouté.
En Serbie, où Djokovic est révéré et considéré comme un héros national, la décision australien est sans surprise mal passée.
"Ils se sont humiliés eux-mêmes, Djokovic peut revenir dans son pays la tête haute et regarder tout le monde droit dans les yeux", s'est emporté le président Aleksandar Vucic à propos des dirigeants australiens.
L'ATP, qui gère le circuit professionnel masculin, a estimé de son côté que la décision de la justice australienne "mettait un terme à une série d'événements profondément regrettables".
"Les décisions de justice concernant des questions de santé publique doivent être respectées", a-t-elle ajouté, en rappelant qu'elle "continue de fortement recommander la vaccination à tous les joueurs".
Avant de rappeler que Djokovic "est l'un des plus grands champions de notre sport et son absence à l'Open d'Australie est une perte pour le tennis".
Parmi les joueurs, Vasek Pospisil, un proche de "Djoko", l'a défendu en rappelant que "Novak ne serait jamais allé en Australie s'il n'avait pas reçu du gouvernement une exemption pour entrer dans ce pays".
"Je n'aime pas qu'il se retrouve dans cette situation et je n'aime pas le fait qu'il a été placé en détention", a regretté de son côté Andy Murray.
Le fiasco australien de Djokovic fait au moins un heureux, l'Italien Salvatore Caruso (150e mondial) qui, profitant de son statut de "lucky loser" (éliminé en qualifications mais repêché grâce à ce forfait), va le remplacer dans le tableau de l'Open d'Australie et jouera lundi dans la soirée à sa place.
"Je suis dans cette situation un peu particulière d'être un peu en ce moment le +lucky loser+ le plus célèbre de l'histoire", a-t-il constaté.