Épuisé par les attaques intempestives contre sa petite personne et dépité par les critiques dont il est l’objet de la part d’une grande partie du peuple marocain après l’élimination sans gloire en quart de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, Vahid Halilhodzic a décidé de «rentrer dans le marché de sa tête» ou, plus explicitement, de se tenir à carreau. Il a commencé par boycotter la conférence d’après-match, avant de s’éclipser complètement durant les dernières 24 heures que la délégation marocaine a passées à Yaoundé.
On imagine le sacrifice que cela représente pour le sélectionneur le plus arrogant de l’histoire de l’équipe nationale, lui qui a fait du dénigrement et de la critique à tout va lors des points de presse son sport favori.
Malheureusement pour lui, en arrivant à l’aéroport Rabat-Salé (à 4h30 du matin, mardi), le Franco-bosniaque a trouvé un groupe de journalistes qui l’attendaient de pied ferme. Comment les contourner? Annoncer la tenue d’une conf’ et s’en débarrasser pour au moins deux jours, le temps de concocter des éléments de langage pour faire passer la pilule du fiasco.
Comme première option, un entraîneur qui se respecte aurait présenté des excuses et annoncé sa démission puisqu’il n’a pas atteint l’objectif fixé par la FRMF: une présence dans le dernier carré de la CAN. Si cette pratique est réputée pour détruire les carrières, elle est surtout connue pour éreinter les portefeuilles. Donc, «ouhou lla!»
Seconde option: se présenter jeudi à la salle de conférence du complexe Mohammed VI de football, faire profil bas, assumer ses responsabilités et avouer qu’il a eu tort en écartant un Ziyech, capable de coups de génie, ou des joueurs comme Mazraoui, Feddal ou Harit, qui jouent au plus haut niveau en Europe. Mais, comme il est bourru, obtus et narcissique, il lui est impossible d’admettre qu’il a eu tort et encore moins de faire son mea culpa.
Et là, le Franco-bosniaque a sorti de son chapeau un numéro de haute voltige. Non, le méchant, ce n’est pas lui. Bien au contraire, il est une victime de la violence du public marocain. En tant que victime, il a droit à tous les égards et même à des excuses de la part à la fois de la fédé, des journalistes et des Marocains.
Vahid Halilhodzic a fait une annonce inattendue: il a affirmé qu’il avait reçu des menaces de mort après l’élimination contre l’Égypte. Sans sourciller, il a affirmé avoir reçu des messages menaçants tardifs, «vers 2h00 du matin» de la part de certains internautes qui souhaitaient lui «couper la tête». Oh là, là, ça sent daesh, le djihadisme… Le gentil Vahid, livré aux méchants musulmans qui menacent de le décapiter.
C’est pathétique et très décevant, coach Vahid. On te croyait homme viril, connaisseur des excès du football, et non pas une vierge effarouchée par l’outrance de quelques supporters, outrés par vos choix indéfendables. Le propre du foot est la passion à outrance. Ça parle, ça insulte, ça menace. Un coach pro, qui a roulé sa bosse un peu partout dans le monde, devrait le savoir au lieu de se livrer à un numéro de tragi-comédie.
Aucun des 42 sélectionneurs qui se sont succédé sur le banc de l’équipe nationale n’a osé sortir un discours pareil. Il aura fallu que Vahid vienne pour qu’on fasse connaissance avec un nouveau genre: le djihadisme footballistique. Une brillante carrière vous attend, coach Vahid… Pas dans le foot, mais dans le cabotinage.