Déjà sous le feu des critiques à plus d’un titre (huis clos, arbitrage, niveau technique…), la Botola Pro Inwi est à nouveau pointée du doigt dans son sprint final. La cause? La défaite du néo-champion du Maroc la Renaissance Berkane, face au Hassania d’Agadir, dimanche 14 avril. Un revers qui aurait été anodin, n’étaient le contexte et les conditions qui l’entourent.
Sur les réseaux sociaux, les commentateurs n’y vont pas de main morte. Entre ceux qui demandent à ouvrir une enquête et ceux qui réclament des têtes à faire tomber, le sujet anime les pages officielles des deux clubs et d’ailleurs.
Comment la RSB, qui vient de remporter son premier titre de champion du Maroc, a-t-elle pu se faire cueillir à froid de cette manière? Pour le coach Mouine Chaabani, «la fatigue et le long déplacement» ont eu raison de ses poulains.
Après tout, le relâchement le lendemain d’un sacre en championnat n’est pas inédit et bien des formations dans l’œil du cyclone, comme c’est le cas pour le HUSA, ont su s’extirper aux affres de la relégation dans les dernières journées.
A y regarder de plus près, d’aucuns estiment que c’est plutôt le choix de chambouler la formation berkanie de fond en comble, qui lui a coûté la déconvenue. Sur les 11 titulaires à Berrechid, seuls Imad Riyahi et le capitaine Issoufou Dayo se sont chargés d’encadrer les jeunes alignés, dont la plupart, pour la première fois cette saison. C’est donc quasiment une équipe B de la RSB qui a affronté le HUSA.
Dayo, tireur patenté des pénaltys, a raté son premier cette saison, bien qu’il soit le spécialiste du genre parmi l’ensemble des joueurs du championnat (5 buts sur pénalty).
Autant d’éléments qui font peser de lourds soupçons d’arrangement, malheureusement très fréquents lors des fins de saison en Botola.
Des observateurs du milieu footballistique poussent le bouchon encore plus loin. Le Hassania, soutenu par Aziz Akhannouch, maire d’Agadir et accessoirement Chef du gouvernement, cherche à sauver sa place parmi l’élite, coûte que coûte.
Et bien que Fouzi Lekjaâ se soit engagé à ce que la RSB joue tous ses matchs de Botola à fond, en dépit de son sacre, le patron du football marocain aurait-il finalement cédé aux pressions/supplications du chef de l’exécutif?
Pour Aziz Akhannouch, il est de mauvais augure d’affronter les élections législatives de 2026 avec la relégation du club d’Agadir qui alourdirait l’ardoise d’un bilan de l’exécutif qui manque cruellement de lustres.
En réalité, la Botola est un produit défaillant. Chaque semaine, une flopée de scandales s’enchainent, allant du boycott du derby aux protestations systématiques sur l’arbitrage. A ce propos, les hommes (et femmes) en noir ne sont presque plus sollicités, ni par la CAF, ni par la FIFA, pour officier au plus haut niveau à l’international. Et sur l’aire de jeu, seule la RSB est encore engagée sur le plan continental.
Sans parler de l’insolvabilité chronique des clubs marocains, qui sont des cas d’école de management, cochant presque toutes les cases de la mauvaise gestion, avec des dirigeants incapables de s’affranchir des vieilles combines et de moderniser le management du football.
En parlant de difficulté de gestion, dans la foulée de sa précieuse victoire sur la RS Berkane, le Hassania a pu finalement résoudre ses litiges avec les joueurs: 41 dossiers pour une valeur totale de 40 millions de DH. Les Gadiris peuvent désormais recruter lors du prochain mercato, à condition de se maintenir en première division. Ce qui semble d’ailleurs en bonne marche.
Quinze ans après le passage au professionnalisme, la Botola vit exactement les mêmes ennuis, est entachée par les mêmes scandales et offre aux fans marocains le même spectacle désolant d’un championnat en manque de véritables professionnels, à tous les niveaux. Les performances des différentes catégories de l’équipe nationale ne sauraient cacher l’indigence de la Botola et les multiples difficultés qui entravent son essor.
C’est à se demander si Ahmed Rahhou, désireux d’élargir les prérogatives du Conseil de la concurrence à la protection des consommateurs tout en portant une attention particulière aux dossiers de ses amis, ne devrait pas se saisir prioritairement de la Botola, où la concurrence loyale brille par son absence et où le consommateur est berné à plus d’un titre.