Très attendue, la réouverture du Stade Mohammed V à Casablanca a été une déception. Dans l’esprit des décideurs du football marocain, cette ouverture devait être une fête avec la programmation du derby Wydad - Raja.
Mais la fête n’a pas eu lieu. Sur l’aire de jeu, les deux équipes ont livré une partie honnête, avec même une première mi-temps ouverte et assez animée. Mais le cœur n’y était pas et l’ambiance était plutôt morose, à l’image de la réaction de Mokwena, le coach des Rouges, accueillant l’ouverture de score dans une étonnante indifférence.
Pourquoi ce froid, cette indifférence? Parce que les ultras des deux grands clubs casablancais ont décidé de boycotter le match.
Ce n’est ni la première, ni la dernière fois. Les raisons changent (mauvais résultats, interdictions de déplacement ou autres), mais le fond est le même: quand les ultras ne sont pas contents (et ils le sont souvent), ils jettent l’éponge et abandonnent leur club. Alors qu’il y a d’autres moyens d’exprimer leur mécontentement sans sanctionner leur club.
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A la limite, les ultras du Raja ont des circonstances atténuantes. Le club, assuré d’une saison blanche après une élimination sans gloire en Coupe du trône, face à une équipe de D2 (USMO), doublée d’un parcours en Botola indigne d’un champion en titre. Passe encore donc, même si les Verts, qui vivent une transition difficile à tous les niveaux, ont besoin du soutien de leurs très nombreux fans pour redémarrer du bon pied et préparer la saison prochaine.
Mais que dire du Wydad? Sans être flamboyants, les Rouges font un parcours intéressant en championnat: troisièmes au classement, ils sont à la lutte pour obtenir une place dans la prochaine édition de la C1. C’était l’objectif assigné en début de saison. Au pire, ils basculeront en C3, ce qui reste honorable quand on sait que l’effectif a été chamboulé de fond en comble après un dernier exercice chaotique.
Mieux que cela, cette équipe s’apprête à disputer la prochaine édition de la Coupe du monde des clubs, qui aura lieu dans deux mois. A la limite, sa sortie de route en Coupe, face au modeste MAT, lui évite de se disperser en cette fin de saison capitale.
Pourquoi les ultras boudent-ils, alors que le club a des objectifs qui peuvent être atteints? Difficile à comprendre…
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La réalité, c’est que les ultras des deux grands clubs casablancais ont besoin de faire leur autocritique. Personne ne remet en cause l’amour qu’ils portent à leurs couleurs, ni leur importance dans la vie des clubs. Bien au contraire. Mais il faut redéfinir la nature de leur «mission». Parce qu’ils ont des droits, mais aussi des devoirs. Ce qu’on oublie trop vite.
Les deux anciens présidents casablancais, Said Naciri et Mohamed Boudrika, étaient connus pour leurs très nombreux changements d’entraineurs, générant ainsi une instabilité chronique et préjudiciant pour leurs équipes. Quand on leur posait la question, ils bottaient en touche avec la formule: «On n’y peut rien, les ultras ne veulent plus de lui (l’entraineur)». Carrément !
Pour avoir la paix sociale, les présidents se pliaient ainsi aux exigences des fans. C’est ce qu’on appelle un dépassement de fonction. Et c’est totalement aberrant.
Il faut donc commencer par remettre de l’ordre à l’intérieur des clubs. Que chacun reste à sa place et fasse sa part du boulot, et les vaches seront bien gardées.
Rappelons aussi à nos chers ultras comment un club comme Liverpool, au soir même de son élimination à domicile face au PSG, a été soutenu par un tout un stade au chant de «You’ll never walk alone». Traduisez : «Tu ne marcheras jamais seul !». Et c’est exactement la nature de la mission d’un supporter: ne jamais laisser son club seul…
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