L’Odyssée du futsal marocain: d’une mer de l’indifférence, à un océan de reconnaissance

ChroniqueLes scènes de liesse des championnes d’Afrique en compagnie de Dguig, les marques de déférence qu’elles ont eues à son égard, sont la preuve irréfutable qu’il a été le stratège de ce nouveau sacre.

Le 01/05/2025 à 17h06

L’équipe nationale féminine de Futsal est entrée, de plain pied, dans l’histoire du sport marocain. Son sacre lors de l’édition inaugurale de la Coupe d’Afrique, lui a permis d’effectuer une double conquête : celle du palmarès, puisque les coéquipières de la valeureuse Doha Madani sont à jamais les premières championnes du Continent-Mère; et celle des cœurs puisque la finale contre la Tanzanie a été un ascenseur émotionnel exceptionnel.

A 11 secondes de la fin le but de Jasmine Damraoui a ainsi pu perpétuer une saga, celle d’une discipline qui vivotait il y a quelques années dans l’indifférence générale, et qui a su conquérir ses lettres de noblesse.

Hicham Dguig est de la race des hommes résilients. Ce pédagogue-né a, pendant longtemps, fait partie de la génération des précurseurs dans une discipline que certains appellent football en salle.

D’autres, moins regardants sur le lexique, utilisent le nom générique de «mini-foot» pour décrire le foot que beaucoup de nos concitoyens pratiquent et qui convient parfaitement à la morphologie et aux qualités du joueur marocain : à la fois technique et habile dans les espaces réduits.

Et pourtant, comme dirait la chanson d’Aznavour, Hicham Dguig et, avant lui, Hassan Rhouilla et peu plus loin dans le temps, Mohamed Jamai, ont souffert pour mettre en valeur ce foot différent.

Loin de nous l’idée de remonter au temps de la légendaire équipe de l’Ajax de Kénitra. Contentons-nous plutôt de passer en revue, le périple de Dguig. Simple intérimaire à la tête d’une sélection nationale alors à l’état embryonnaire, le technicien marocain suppliait pour obtenir un stage de préparation.

On se souvient tous de ses larmes quand il rappelait, en 2021, la violence des termes utilisés par certains fonctionnaires de la FRMF de l’époque.

N’était-il pas l’illuminé de service qui demandait quelque chose que «ni son sport, ni son statut ne pouvait permettre», du moins selon l’esprit étriqué de ces personnes ? Qui était-il pour oser réclamer ce stage que les sélections du foot à 11 obtenaient à grande peine ?

Aujourd’hui, ce battant est l’âme, le cœur et le cerveau du Futsal. Il a mis en place une méthodologie et un plan d’action qui ont transformé la nef trouée, en véritable navire de guerre.

Le style de jeu est 100% Made in Morocco, le fonctionnement de la sélection est celui d’un club professionnel, dont les membres sont unis comme dans une famille. Dguig en est le père, le grand frère, l’ami et le coach, parfois sévère mais toujours juste.

Les moyens de la FRMF ont été mis à sa disposition en tant que responsable du pôle Futsal. Il a mis en place une dynamique et une méthodologie de travail qui ont largement donné leurs fruits.

Les chiffres ne mentent pas: trois CAN consécutives, trois coupes arabes des Nations, deux quarts de finales de Coupe du Monde et une place de choix du Maroc dans le gotha mondial. À toutes ces bonnes choses, vient donc s’ajouter le titre africain chez les féminines.

Car le pionnier a chargé l’un de ses fidèles acolytes, le flambeau des féminines. Adil Sayeh fait, en effet, partie de ces bons élèves. Ceux qu’il a coaché un jour à Kenitra -ou en équipe nationale- et qui ont, comme des éponges, aspiré son savoir.

Les scènes de liesse des championnes d’Afrique en compagnie de Dguig, les marques de déférence qu’elles ont eues à son égard, sont la preuve irréfutable qu’il a été le stratège de ce nouveau sacre.

Et derrière cette stratégie gagnante du Futsal, on retrouve le Condotierre Fouzi Lekjaa, jamais bien loin. Le Président de la FRMF, contrairement à ceux qui l’ont précédé, a flairé le potentiel de Dguig et de ses hommes, lorsque ceux-ci ont raflé le titre africain en 2016.

Lekjaâ a a entièrement fait confiance aux hommes du futsal, et a mis à leur disposition tous les moyens logistiques, transformant l’indifférence du passé, en priorisation et les sanglots de la frustration en larmes de joie.

Une combinaison gagnante, qui a consacré «Monsieur Futsal» en tant que faiseur de joies, et même source d’inspiration pour tous les amoureux de la discipline.

Son odyssée mérite d’être racontée aux jeunes générations. Elle pourrait créer des vocations pour le futur, d’autant plus que cette fois-ci, ces vagues de jeunes passionné(e)s de futsal, devraient s’épanouir dans un cadre qui a définitivement banni le terme indifférence et adopté sans fards ceux de reconnaissance et d’excellence.

Par Amine Birouk
Le 01/05/2025 à 17h06