Les débats sur l’immigration en Europe font rage, en France, en Italie et en Europe du Nord. Ils se sont multipliés ces dernières années. «L’immigration coupable de tous les maux de la société» était une affirmation réservée à la frange extrême et nationaliste des sociétés européennes. Ce n’est plus le cas et, quelque soit la couleur des partis, dans chaque pays de nouvelles lois sont proposées pour limiter le phénomène, les unes plus dures et contraignantes que les autres. Aucune des lois proposées ne semble convaincante, toutes s’attaquent aux problèmes de flux, l’arrivée illégale de nouveaux migrants via la méditerranée et la Turquie et aucune ne s’intéresse au stock c’est-à-dire aux populations, d’origines immigrées, installées depuis longtemps et souvent nées dans leur pays d’adoption. Leur intégration a globalement échoué, les ascenseurs qui leur étaient dédiés étaient souvent en panne.
Il y a pourtant une activité dans laquelle la promotion sociale de ces populations s’est traduite par des succès, c’est l’activité sportive, le football en particulier. Un pays en a particulièrement bénéficié dont la tradition coloniale remonte au 19ème siècle et, qui depuis les années 60, est devenu un pays d’émigration. La France, puisque c’est de la République française qu’il s’agit, a accumulé les trophées et les victoires grâce à un effectif multiculturel et multiracial en phase avec la société française, mais pas avec sa hiérarchie. Il n’y a pas beaucoup de Zidane, Mbappé et Benzema dans le gouvernement, le parlement ou les médias français. Et ça ne dérange pas. La France «profonde», lorsqu’elle a le choix, préfère magnifier les performances de Giroud à ceux de Benzema et ceux de Deschamps à ceux de Zidane pourtant triple champion d’Europe avec le Real Madrid, un exploit unique en Ligue des Champions européennes. Cela n’a pas empêché des centaines de jeunes immigrés issus des banlieues de briller et de se faire aimer par la France dont ils ont porté fièrement et bien haut les couleurs.
Sans le maillot bleu, l’équipe de France pourrait, sans aucune difficulté, participer à la Coupe d’Afrique des nations. Celle qui participe au Mondial U17 en cours en Indonésie n’est pas en reste.
Cela n’a pas empêché les commentateurs de l’Équipe TV, affectés au commentaire du match France-Burkina Faso de s’attaquer à l’organisation de la Coupe du Monde en Indonésie sous prétexte que le football n’était pas un sport universel et que cette universalité répondait juste à la volonté de la FIFA dans son combat avec l’UEFA. Leurs arguments se basaient sur l’humidité du pays, le décalage horaire et tutti quanti. Ils ont même pesté sur l’arbitre qui, appliquant le règlement, a décompté 9 minutes d’arrêt de jeu alors que le match était plié en faveur de la France avec un score de 3-0. Ils avaient oublié qu’en première mi-temps l’arbitre avait rajouté 14 minutes de temps additionnels, il est vrai que le score était vierge et qu’ils espéraient un but français avant la pause.
Bien entendu ça ne reflète en aucun cas la société française, qui adule ses champions et renouvelle son admiration à chaque rassemblement de l’équipe de France, mais c’est une tendance lourde des médias sportifs français qui cherchent à dénigrer toute légitimité au football venu d’ailleurs qu’en Europe. Une exception, l’Amérique du Sud avec l’Argentine et le Brésil, deux pays qui se sont imposés mondialement depuis bien longtemps.
Aux africains, aux Asiatiques et aux autres continents de démentir leurs propos. C’est déjà un peu le cas avec les pays du Golfe qui ont mis d’énormes moyens pour modifier la géolocalisation du football mondial. Les Emirats, en achetant le club anglais de Manchester City, sont les premiers à s’être positionnés. Depuis 2008, le destin du club a changé d’équipe moribonde du milieu de tableau du championnat anglais à un géant d’Europe. Le Qatar ensuite qui a fait du Paris Saint-Germain un tremplin pour dominer l’UEFA, la confédération européenne de Football. Nasser Al Khelaifi, le représentant de Qatar est devenu l’homme fort du football européen et la chaine de télévision qu’il dirige, beIN Sports un incontournable de la diffusion des événements sportifs. Qatar a aussi organisé la Coupe du Monde 2022, une première pour un pays arabe. Enfin l’Arabie Saoudite lance son championnat professionnel avec des recrues hors normes.
Sur le plan sportif aussi, la performance marocaine en Coupe du Monde a perturbé la hiérarchie du football et sans l’injustice d’un pénalty, non sifflé en faveur du Maroc face à la France, qui sait ce qu’il serait advenu lors de cette fameuse demi-finale, France-Maroc. La performance marocaine au Qatar aura une suite, le comportement des équipes africaines des U17 en Indonésie présage d’un avenir prometteur. Un avenir qui fera qu’un grand nombre de jeunes français, espagnols, hollandais ou allemands changeront de nationalité sportive et opteront pour l’équipe de leurs grands-parents. C’est une option loin d’être farfelue, d’autant que la formation de haut niveau commence à avoir des adeptes dans le continent et ailleurs. Ce sera alors passionnant d’écouter les commentaires des reporters de l’Équipe TV, encore faudra-il que l’équipe de France, privée de ses «Africains» se qualifie.