Achraf Hakimi? Ousmane Dembelé? Lamine Yamal? Le débat sur le prochain B.O est déjà lancé, surtout depuis la finale de C1. Mais on aura le temps d’y revenir, d’autant que la Coupe du monde des clubs, qui démarre dans quelques jours, pourrait avantager Hakimi ou Dembelé. N’allons donc pas vite en besogne et revenons à cette finale, et au meilleur joueur de ce PSG–Inter (5-0) qui restera dans les annales: le coach espagnol Luis Enrique.
Ceux qui ont assisté au match n’en reviennent toujours pas. Au-delà du score, qui se passe de tout commentaire et qui aurait pu être encore plus lourd, l’impression générale était que les joueurs du PSG étaient deux fois plus nombreux que ceux de l’Inter. Les Parisiens ont eu des tonnes d’opportunités, alors qu’ils n’ont presque jamais été inquiétés: et dire qu’ils évoluaient sans véritable milieu défensif et, par-dessus le marché, avec deux latéraux ultra-offensifs. Comment expliquer cette illusion optique, pour ne pas dire ce miracle?
La réponse s’appelle Luis Enrique.
L’ancien coach du Barça a mis en place un système complètement inédit, révolutionnaire: la mobilité ou, si vous préférez, la rotation. En dehors du gardien et de la paire centrale, les huit autres joueurs étaient assignés à plusieurs tâches à la fois. Aucun n’avait de rôle fixe, dans le sens classique du terme.
Qui peut, par exemple, nous définir la positon de Hakimi sur le terrain? Personne. Théoriquement latéral droit, le Marocain a évolué très haut, en piston, voire attaquant droit. Parfois, notamment sur la fin du match, il s’est retrouvé attaquant gauche! Le reste du temps, il était milieu relayeur-relanceur. Et sur l’ouverture du score, il s’est carrément mué en attaquant de pointe.
Avec sa vitesse et sa justesse technique, cet avaleur de kilomètres a représenté une énigme insoluble pour les défenseurs italiens. Impossible de lire ses déplacements, son jeu. D’où l’impression qu’il était souvent libre de marquage, alors que les Italiens avaient prévu d’être au moins deux pour bloquer ses déplacements.
Et que dire d’un Dembelé? L’ancien garçon talentueux mais immature de Barcelone s’est mué en soldat à la discipline de fer. Il a continuellement harcelé le gardien adverse pour perturber ses relances, est souvent descendu au rond central (sa talonnade qui lance le 3ème but est une merveille) pour relancer la machine: il aurait fallu, non pas deux joueurs, mais un onze complet de défenseurs pour essayer de le suivre et de l’empêcher de faire mal à l’Inter.
On peut en dire autant du magnifique Vitinha, de l’intenable Doué (et son remplaçant Barcola), sans oublier Fabian, Neves ou le Géorgien Kvara, qui a piqué un sprint phénoménal en fin de match pour revenir défendre.
Cette équipe joue comme personne ne l’a jamais fait avant elle. Les permutations gauche-droite et attaque-défense, les courses croisées, le pressing fou, l’alignement, le coulissage, le dédoublement, les prises et les combinaisons à deux ou à trois: tout cela est du domaine de l’architecte en chef, celui qui «dessine» le jeu à partir du banc de touche, le coach.
Reste le talent individuel, et ça les joueurs du PSG l’avaient déjà, même si aucun ne figurait en début de saison dans le top ten mondial.
Cette équipe semblait poussée par une force supérieure, elle planait littéralement sur le match. Au point de rendre fous les joueurs de l’Inter qui en ont pourtant vu d’autres… Après plusieurs séquences magistrales montrées ici et là dans les tours précédents, la team montée par Enrique a attendu la finale pour livrer sa masterclass, son chef d’œuvre définitif. Qui porte indiscutablement la signature de Luis Enrique, qui a régné sur cette finale. Et qui mériterait clairement un Ballon d’or pour l’ensemble de son œuvre.