Walid Regragui est un personnage clivant. Son discours oscille entre franchise brute et subtilité teintée d’ironie. Capable d’un parler vrai sans filtre, il sait aussi manier le second degré avec nuances et humour. Sa dernière conférence de presse illustre parfaitement cette dualité dans le ton.
Côté humour piquant, Regragui n’a pas son pareil, du moins chez nous. Ne s’est-il pas agacé que certains journalistes préfèrent commenter les absents plutôt que parler des joueurs sélectionnés pour le prochain rassemblement? N’a-t-il pas aussi précisé que la FRMF «n’est pas là pour courir après les joueurs ou les draguer. Ils doivent venir d’eux-mêmes, avec l’envie de se battre pour représenter leur pays. De notre côté, le staff fait son travail. Si un joueur est sur la liste, c’est qu’il a choisi le Maroc. S’il n’y est pas, c’est qu’il n’a pas été retenu sportivement». Une manière ferme de clore les débats de comptoir qui reviennent à chaque annonce.
Autre moment savoureux: sa réponse sur la CAN. Là, Regragui a livré un moment culte, usant du sarcasme avec panache pour balayer les critiques sur ses capacités et les rumeurs de successeurs. «Je suis capable de remporter la CAN sans faire venir un autre entraîneur (Ancelotti, Klopp ou Guardiola). Si ce n’était pas le cas, j’aurais déjà quitté mon poste. Vous ne trouverez personne de mieux que moi pour gagner cette CAN. Je suis Marocain avant tout, et vous ne trouverez personne qui donne plus que moi».
Tracé, traqué dans ses moindres gestes, Regragui veut surtout orienter les débats vers une mobilisation nationale. Sa darija approximative et ses bons mots, bien que parfois maladroits, servent un objectif clair: gagner la CAN.
Et pour atteindre ce graal, il faudra une union sacrée: joueurs, staff, supporters, irréprochables jusqu’ici, et presse. Des médias parfois tentés par le buzz ou le clic, au détriment de l’information vérifiée. Pour réussir cette équation complexe, il faudra que l’équipe, le coach et la presse parlent d’une seule voix… et haussent tous le niveau.