À quelques mois du coup d’envoi de la prochaine CAN 2025, organisée sur le sol marocain, le sélectionneur des Lions de l’Atlas est sorti de sa réserve médiatique. Dans les colonnes du journal espagnol, AS, il a réaffirmé sa soif de titre continental, lui qui ambitionne d’écrire l’histoire avec le Maroc.
Regragui revient également sur le cas Brahim Diaz, dont le choix de représenter le Maroc s’est joué sur le fil, et évoque la décision de Lamine Yamal, qu’il a tenté de convaincre personnellement.
«Oui, j’étais au Bernabéu pour le match de Ligue des champions. J’attendais plus de minutes pour Brahim, bien sûr, mais c’était un grand match. Nous suivons de près nos joueurs. On ne se contente pas de regarder ce qu’ils font, on leur parle aussi, on leur montre de l’affection… Le Maroc est un pays avec une immense passion pour le football. Quand l’équipe nationale joue, tout le monde est au rendez-vous. Ce n’est pas normal que nous n’ayons gagné qu’une seule CAN. Notre mission est de changer cela. C’est mon défi: changer l’état d’esprit des joueurs et notre histoire dans cette compétition. En 2022, on a fait de belles choses en Coupe du monde, mais au final, ce qui compte, ce sont les titres», a d’abord déclaré le technicien marocain.
«C’est un rêve que j’ai toujours eu. J’ai mes objectifs, mais mon obsession actuelle, c’est de gagner la Coupe d’Afrique des Nations. Faire l’histoire avec mon pays. J’ai faim. Après l’échec de la dernière édition, j’ai même eu envie de partir. J’avais promis au président de la Fédération que je quitterais mon poste si les choses n’allaient pas bien. Il m’a dit : “Vous êtes un compétiteur, et le Maroc veut gagner. Il n’a pas gagné depuis 50 ans. Montrez au peuple que vous pouvez y arriver.” Il m’a convaincu. Nous sommes sur une bonne dynamique. Nous devons continuer à travailler dur pour écrire l’histoire».
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Concernant Brahim Diaz, Regragui a raconté les coulisses d’un long processus de séduction: «Beaucoup, beaucoup de choses… Je suis allé le voir à Milan pour la première fois. C’était un bon premier contact. Rien n’était fermé, et j’ai compris que c’était une décision très difficile pour lui. Il a apprécié qu’on comprenne qu’il avait besoin de temps pour réfléchir au projet. Il a aussi aimé l’affection qu’on lui a montrée. Il ne s’agissait pas seulement de lui promettre un rôle important, mais de lui laisser le temps de s’adapter à une nouvelle équipe, une nouvelle culture. Il est né en Espagne, il n’était pas souvent venu au Maroc. Il est venu visiter nos installations, il a découvert Rabat, Marrakech, Tanger… Pour ressentir le pays, pour faire le meilleur choix pour sa carrière, mais aussi pour son cœur».
«J’ai voyagé trois fois à Madrid : deux fois avec le président de la Fédération, une fois seul. Ce qui est beau, c’est qu’il a choisi le Maroc à un moment où il pouvait encore jouer pour l’Espagne. Certains ont dit qu’il avait choisi le Maroc parce qu’il n’avait plus d’option avec la Roja. Mais ce n’est pas vrai : il était performant avec le Real, figurait dans les pré-listes de De la Fuente. J’avoue, j’ai eu peur. C’est la décision la plus difficile pour un joueur. Le peuple marocain lui en sera toujours reconnaissant», a-t-il ajouté.
Sur le dossier Lamine Yamal, Regragui a été tout aussi transparent: «C’est facile à expliquer. Beaucoup ont dit que peut-être le projet n’était pas bon, qu’on lui avait promis les U23… Mais comment pourrais-je dire à Lamine Yamal, à 16 ans et déjà titulaire au Barça, qu’il jouera avec les U23 ? J’ai convoqué El Khannous à 18 ans, Ben Seghir aussi. Pour Lamine, c’était clair. L’Espagne lui a présenté un bon projet, tout comme moi. Ils lui ont dit qu’il jouerait l’Euro et qu’il serait titulaire en A. Et ils ont tenu parole. D’autres promettent, puis oublient. Ce n’est pas leur cas».
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«Il a été honnête avec moi. Je l’ai rencontré après un de ses premiers matchs comme titulaire. On avait une heure, car à La Masia, les mineurs doivent rentrer avant minuit. Je l’ai vu avec son grand-père. On a discuté du projet, de la CAN, de la Coupe du monde 2026, de celle de 2030 chez nous… Je lui ai donné tout l’amour que j’ai pu. (Rires) Il a choisi avec sa famille. Il m’a appelé : “Coach, je vais jouer avec l’Espagne.” Je l’ai compris. Je l’ai remercié pour son respect. Et je lui ai dit : ‘Si tu changes d’avis dans quelques jours, tu as mon numéro, appelle-moi !’ (Rires) Je lui souhaite bonne chance».
Pour rappel, Walid Regragui a pris les rê
nes de la sélection marocaine en août 2022, succédant au Franco-Bosnien Vahid Halilhodžić. Il a mené les Lions de l’Atlas jusqu’au dernier carré de la Coupe du monde au Qatar. Lors de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, il a été éliminé en huitièmes de finale par l’Afrique du Sud (0-2),un revers qui n’a fait que raviver sa détermination à offrir un deuxième sacre continental au peuple marocain.