L’histoire du football est un éternel recommencement. Elle récompense des vertus comme la persévérance, la résilience, la rigueur et le travail. Elle punit, en revanche, les lacunes comme le manque d’efficacité ou l’improvisation. Et le Wydad, avec à sa tête son timonier, a visiblement abordé ce Mondial sans réunir les ingrédients nécessaires à la réussite.
Tout est parti d’un projet à objectif unique: participer au tournoi et empocher le prize money promis aux clubs qualifiés pour cette première édition à 32 équipes. Une compétition à fort potentiel d’exposition médiatique, mais aussi à haut risque: celui d’exploser en plein vol. À l’inverse, un exploit pouvait offrir au club, à ses joueurs, à son coach et, par extension, à son président, un coup de projecteur planétaire et un véritable levier de soft power à la hauteur de l’histoire du WAC.
Mais tous ces plans sur la comète se sont écroulés.
Le processus de reconstruction entamé au début de saison a été confié à Rhulani Mokwena, le «Guardiola de Pretoria». Doté d’une carte blanche par le président Aït Menna, il a profondément dénaturé l’ADN footballistique des Rouge et Blanc. Fini le jeu direct en 4-3-3 avec des ailiers percutants et un véritable renard des surfaces. Place à un jeu lent, stérile et sans âme.
Son départ, remplacé par Amine Benhachem, a suscité un regain d’espoir. Travailleur discret, il a réussi à remettre de l’ordre en Botola, assurant une qualification pour la Coupe de la CAF. Il a même proposé deux plans de jeu cohérents face à City et à la Juve. Mais il ne disposait pas des moyens humains pour rivaliser avec ces poids lourds… ni même avec Al Ain, pourtant à portée.
Le recrutement est clairement l’un des grands points noirs. Hormis le valeureux Amrabat, et dans une moindre mesure Lorch et Moufid, rares sont ceux qui ont répondu aux attentes. Beaucoup ont sombré, incapables de justifier l’investissement consenti. Les fameux «faux Brésiliens», éternels remplaçants en Botola, sont venus aux États-Unis en touristes. Sur le terrain, les plus gros flops s’appellent Boutouil, Moubarik, la plupart des étrangers… et surtout Al Soumah.
Recruté pour trois matchs, ce dernier n’a rejoint le groupe que 48 heures avant le choc contre la Juve. Ses deux prestations ont frôlé le néant: plus proches du vétéran de 39 ans sur le déclin que d’un renfort capable d’apporter une réelle plus-value.
Le public wydadi est aujourd’hui en droit d’exiger des comptes. Quelle direction le club compte-t-il prendre après cette désillusion mondiale? Cette Coupe du Monde a été le cheval de bataille du président Aït Menna. Il est désormais temps pour lui de faire son mea culpa et d’annoncer une ligne directrice cohérente pour l’avenir.
Comment sera investi le prize money engrangé? Servira-t-il uniquement à rembourser les avances du président, ou bien à jeter les bases d’un WAC 2.0, avec une gouvernance professionnelle et des structures dignes d’un club leader au Maroc? Aït Menna est-il en capacité de marcher dans les pas de figures comme Haj Benjelloun ou feu Mekouar, ou bien finira-t-il comme un John Textor local, adepte du verbiage, mais avare en résultats?
Les réponses à ces interrogations, même à chaud, détermineront l’avenir à court, moyen et long terme d’un club parti à la conquête de l’Amérique avec de grandes ambitions, mais qui a vu, match après match, son rêve s’effondrer. Jusqu’à perdre ses illusions… et retomber, bientôt, dans le train-train monotone de la Botola Pro.