Xabi Alonso est l’entraîneur à la mode cette saison. Il accumule les records en Allemagne. Il a mis fin à une longue domination écrasante de 11 ans du Bayern Munich, un record européen, reléguant le second, VFB Stuttgart, à 17 points et le Bayern, étonnant, troisième à 18. Son équipe a terminé invaincue en championnat et en Coupe, ils ont encore une finale à jouer ce samedi face à Kaiserslautern et sont restés invaincus en Europa League, avant de chuter au plus mauvais moment face à l’Atalanta Bergame.
Ceux qui ont suivi l’équipe allemande, au cours des derniers matchs, ont vu que l’équipe souffrait, mais s’en sortait toujours. Beaucoup de matchs nuls ont été sauvés aux dernières secondes des rencontres. Le compteur tournait toujours pour atteindre 51 matchs sans défaite. Un record, magnifique mais inutile. Parce qu’une défaite en finale efface une grande partie de l’aura dégagée tout au long de la saison. La défaite fait partie du jeu, elle permet des fois de remettre les pendules à l’heure. Les longues séries de victoires et la course pour ce type de record épuisent le coureur et empêchent quelquefois des remises en question salutaires.
On ne peut rien reprocher à l’entraîneur, ni aux joueurs d’ailleurs. Ils sont tombés sur plus malin, plus motivé et mieux préparé au combat. Parce qu’on a tendance à l’oublier mais pour gagner il faut se battre. Ceux qui jouent facile le regrettent souvent. C’est la beauté du sport. Il reste que Xabi Alonso a réalisé un parcours exceptionnel depuis 2 ans. Il était à la tête d’une équipe traditionnellement moyenne de la Bundesliga, Bayer Leverkusen, et a battu tous les records possibles. Son équipe a remporté le titre de champion et reste en course pour un doublé. Elle jouera la finale de la Coupe d’Allemagne ce samedi face à Kaiserslautern et les joueurs auront à cœur de se racheter de cette cruelle désillusion.
De plus, finalistes en Europa League, c’est une belle performance. Les médias ont surestimé leur cote et en ont fait les incontestables favoris de cette finale. Ils ont eu tort. L'Atalanta Bergame est une belle équipe avec des qualités italiennes en termes de rigueur défensive et une générosité dans l’effort qui impose le respect. Leur entraîneur M. Gasperini a roulé sa bosse pour exploser depuis 4, 5 ans. Cette année, la victoire de son équipe 3-0 à Anfield face au Liverpool de Klopp en quart de finale de la compétition a marqué les esprits.
Cela ne change rien à l’évaluation globale de la saison du club allemand et de son entraîneur. Une saison sans aucune défaite pendant 51 matchs, c’est époustouflant. D’ailleurs les candidats à son recrutement se sont multipliés depuis au moins quelques mois. Il vient de renouveler son contrat jusqu’en 2026 avec son club. Il lui reste probablement quelques pages à rédiger avant le grand saut vers un grand nom du Gotha du football mondial.
Deux clubs semblent tenir la corde pour le recruter, Liverpool orphelin de Jurgen Klopp. Il vient de décider de prendre au moins une année sabbatique et Madrid avec lequel il a une double expérience de joueur et entraîneur. Au Real ce sera pour succéder à Ancelotti et à Liverpool pour construire un nouveau projet. Avec les deux clubs, il fourmille de bons souvenirs. Il a remporté la décima avec le Real sous la direction d’Ancelotti, bien que suspendu le jour de la finale, et la Ligue des Champions avec Liverpool face au Milan AC d’Ancelotti. C’est lui l’auteur du pénalty qui a ouvert la voie aux prolongations et à la séance de tirs aux buts finalement remportée par le club anglais.
Cette longue parenthèse pose la question de l’importance de l’entraîneur dans une équipe. En effet, si le choix d’un entraîneur reste fondamental, sans joueurs de talent, la victoire est compliquée. Guardiola, un des entraîneurs les plus influents du football mondial, a toujours disposé d’un vivier exceptionnel de talents. À Barcelone, avec la plus belle génération de leur histoire, au Bayern et aujourd’hui à Manchester City. On peut dire la même chose de Mourinho ou Ancelotti qui n’ont gagné des titres majeurs qu’avec des joueurs légendaires sous la main.
Ce soir, un joueur a montré l’importance du joueur sur le jeu. Il a pour nom Lookman, il est nigérian et a marqué 3 buts, un phénomène très rare en finale. Il en a fait voir de toutes les couleurs à la défense, en général bien organisée, de Leverkusen. C’est un ancien champion du Monde U-20. Il a remporté le titre avec l’équipe nationale d’Angleterre en 2017 avant de changer de nationalité sportive en 2023. Il porte depuis les couleurs du Nigéria avec lequel il a été finaliste de la dernière CAN 2024. Ce Hat trick en finale d’Europa League le met en bonne position dans la course au Ballon d’Or Africain 2024.
Dommage pour Xabi Alonso, son étoile commençait à briller. Il avait de qui tenir, lui qui a joué sous la coupe de trois grands entraîneurs au profil complètement opposé l’un de l’autre. Mourinho au Real, Guardiola au Bayern et Ancelotti au Bayern. Il a retenu de chacun le meilleur, en tous cas c’est ce qu’il nous est donné à constater sur la base de cette saison. Leverkusen constitue sa première expérience du haut niveau. En 20 mois, il a accumulé de l’expérience et su extraire le meilleur de l’effectif à sa disposition. En finale, son équipe était en dessous, lui aussi, il a eu le mérite de le reconnaître. Sa bonne étoile s’est éteinte l’autre soir, elle se rallumera rapidement s’il sait réagir à cette lourde désillusion.