Dans le jargon de la NBA, un «lock-out» désigne un blocage imposé par les dirigeants lorsqu’aucun accord n’est trouvé avec les joueurs sur les conditions de la ligue. Plus de matchs, plus de salaires, plus rien.
Au Maroc, le basket connaît une version bien à lui de ce lock-out. Non pas entre joueurs et dirigeants, mais à travers un double bras de fer institutionnel. Le premier a opposé Mostafa Aourach, président de la Fédération, au ministère de tutelle, et c’est Aourach qui a gelé le championnat le 21 avril dernier.
Aujourd’hui, après que le ministère a opéré la passation vers la commission provisoire, qui a relancé le championnat, une autre bataille, plus discrète, a éclaté. Elle oppose désormais Mostafa Aourach à Driss Chraïbi, président fraîchement nommé à la tête de cette commission de transition.
Alors oui, le parquet résonne de nouveau et les basketteurs ont repris le jeu. Mais les tensions persistantes en coulisses laissent penser que le basket national est encore loin d’être tiré d’affaire. Le360 Sport a donc donné la parole aux deux figures au cœur de la tempête: Driss Chraïbi et Mostafa Aourach.
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Une mission urgente: relancer le jeu
Premier objectif de la commission: faire redémarrer les compétitions. Mission accomplie, comme le souligne Driss Chraïbi: «Le championnat a repris grâce à un travail collectif, porté par le sérieux de toute l’équipe. Nous sommes également en train d’élaborer une feuille de route pour les cinq prochaines années, libre à la personne qui prendra la tête de la fédération de l’adopter, ou non».
Les playoffs, suspendus depuis avril, reprendront dès le retour du FUS de la BAL. La Coupe du Trône est également maintenue. Tout semble donc être sur les rails côté sportif.
Des zones d’ombre
Côté administratif, c’est une autre histoire. Driss Chraïbi affirme que certains documents essentiels pour dresser un état des lieux complet manquent toujours. Des documents, notamment financiers, que Mostafa Aourach dit avoir transmis… ailleurs.
«J’ai demandé au ministre qu’un cabinet neutre les traite. Je ne peux pas confier ces documents à quelqu’un qui m’a attaqué publiquement», lâche Aourach.
Ce dernier dénonce également la manière dont la commission a pris ses fonctions, sans concertation: «Ils sont entrés à la fédération sans même nous prévenir. La passation devait aussi se faire avec le bureau fédéral. Nous ne remettons pas en cause la décision ministérielle, mais la moindre des choses aurait été qu’ils nous préviennent correctement. Ils ont agi seuls».
De son côté, Driss Chraïbi affirme que le président a bien été informé dans les temps. Mais Aourach nuance: «J’étais à Nador, pas à Rabat. J’ai reçu le courrier trop tard. Personne ne m’a contacté directement. Il connaît mon numéro, il aurait pu appeler».
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Et les élections dans tout ça?
Eh bien, Chraïbi promet que les élections auront lieu dans le délai imparti (3 à 6 mois) et selon les règles, comme stipulé dans la loi 30-09 relative à l’éducation physique et aux sports.
Mais Aourach accuse: «Il veut organiser une élection sur mesure. Il va mobiliser des associations pour qu’elles votent en sa faveur. Ce n’est pas une entreprise privée ici, c’est une fédération royale qui gère 140 clubs à travers tout le Maroc et qui doit œuvrer pour ses clubs, ses villes et ses adhérents».
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Sur le terrain, la machine semble redémarrer. La reprise est bien réelle, les échéances sportives sont maintenues. Mais en coulisses, la gouvernance est minée par ce qui ressemble à des querelles personnelles.
Le basket marocain souffre depuis des années de problèmes structurels et de gestion. Ce n’est pas la première fois que les joueurs sont empêchés d’exercer leur métier.
Aujourd’hui, il est temps de dépasser les conflits personnels et de déployer tous les efforts pour faire briller cette discipline. Car si la balle est en mouvement, le système, lui, reste en time-out.
