Les demi-finales de la Ligue des champions viennent de livrer leur verdict. Et si l’Inter a fait honneur à son surnom en italien «Pazza» (folle), en venant à bout du Barça au terme d’une ode au football, le PSG d’un Achraf Hakimi XXL a saisi sa chance face à des Gunners moins inspirés au Parc des Princes.
Le capitaine des Lions de l’Atlas a été l’élément clé de son équipe aux côtés d’un Donnarumma ressuscité et d’un Fabian Ruiz en feu. Hakimi briguera le 31 mai prochain une deuxième «coupe aux grandes oreilles», histoire de rentrer davantage dans la légende du football marocain, et d’écrire à Munich un nouveau chapitre d’un itinéraire qui a démarré depuis les terrains vagues de la banlieue de Madrid.
Nous sommes le 16 décembre 2024. Le gotha du football africain est convié aux CAF Awards à Marrakech. Tout un pays est devant son téléviseur pour assister à la consécration de son fils chéri. Le Palais des Congrès de Marrakech devait être le lieu idoine pour écrire un chapitre de plus du fabuleux destin d’Achraf Hakimi.
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Pourtant, ce jour-là, les jurés qui devaient impartir justice avaient sorti de leur chapeau Ademola Lookman, ou le rabat-joie de service, privant ainsi le capitaine du Maroc d’un trophée individuel qui lui tendait les bras. Son visage ce soir-là était un vrai poème, mélange d’incrédulité, de tristesse et de frustration.
Moins de cinq mois plus tard, son langage corporel était tout autre au coup de sifflet final d’un PSG-Arsenal exceptionnel. Achraf Hakimi était exubérant, car en pièce essentielle de la machine de guerre façonnée par Luis Enrique, il a été le protagoniste principal de la belle qualification de son club pour la finale de la Champions League, la deuxième de sa carrière après celle de 2018 avec le Real Madrid.
C’est justement chez les Merengues qu’il a fait ses premières armes, lui qui a appris à taquiner un ballon de fortune sans le décorum plein de petites étoiles de la Champions League. Il se rêvait forcément un jour vivre ce type de matchs. C’est donc à la Maison Blanche où il a débuté comme attaquant de pointe, puis comme ailier droit, qu’il s’est vu un jour en haut de l’affiche à l’image de son idole Zidane.
Ce dernier, comme le personnage du «Petit Prince» de Saint Exupery, lui aurait demandé de dessiner un ballon. Achraf, loin de se contenter de réaliser un simple croquis, a choisi de le faire en arabesque sur un beau rectangle vert.
Et s’il n’était pas possible de le faire dans son jardin du Bernabeu, puisque l’herbe est plus verte ailleurs, surtout pas avec Florentino Perez et sa politique anti-cantera, Hakimi a pris son destin en main avec comme seuls arguments son talent brut et son mental d’acier.
A Dortmund d’abord, où il a continué son apprentissage, puis à Milan sous la houlette d’Antonio Conte où il a passé son Doctorat ès latéral et enfin, à Paris, dans ce Parc qui avait déjà eu, il y a 6 décennies, un Prince bien marocain, bien de chez nous, appelé Abderrahmane Belmahjoub.
Depuis 4 ans, Hakimi arpente l’aile droite du PSG, un club qui a à peine 54 ans d’histoire. Protégé par Mbappé, dédaigné par Messi, il a subi les foudres d’une presse sceptique. Mais sa force de caractère lui a permis de faire le dos rond, en attendant de passer un cap.
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Sous la houlette de Luis Enrique depuis 18 mois, Hakimi a aiguisé son QI football. Chaque déboulé qu’il esquisse est désormais un tableau de maitre, dans un Paris qui a toujours salué les impressionnistes et rejeté les peintres en bâtiment. Et les chiffres ne mentent jamais. En 2024-2025, Hakimi a participé à 8 buts en Champions League (3 réalisations et 5 assists). Un record vieux de 20 ans qui a été battu par le latéral marocain.
Mais les records ne valent rien, si au bout de l’aventure il n’y pas de trophée, notamment dans un club qui a transformé son rêve de gagner la Coupe aux grandes oreilles en obsession. Achraf Hakimi est certainement conscient du poids de l’histoire, la sienne avec un petit h et celle du foot avec un H majuscule. Lui qui vient d’un milieu modeste, qui s’est battu pour réaliser tous ses objectifs.
Un jour de février 2017, Florentino Perez était à la même table que lui lors d’un diner organisé au Bernabeu par la Pena Madridista de Casablanca. Ce soir-là, le président du Real lui avait prodigué des conseils. Ils ne sont pas tombés dans l’oreille d’un mal entendant. Sept mois plus tard, il demandait la bénédiction de ses parents à quelques heures d’un Maroc-Mali où il devait commencer son idylle personnelle avec les Lions de l’Atlas.
Cette bénédiction est son carburant quotidien. Elle lui permet de continuer à écrire son histoire avec peut-être deux dates charnières: le 31 Mai 2025 et le 18 janvier 2026 pour être encore plus près des étoiles. Car pour le natif de Getafe, l’idéal serait d’appliquer à la lettre la fameuse expression «De Madrid Al Cielo».