Soyons clairs: quand les dirigeants de la RSB sont partis chercher Mouine Chaabani, au cours de la saison 2023-2024, ce n’est pas pour remporter une nouvelle C3 africaine. Berkane voulait franchir un palier et atteindre le Graal: devenir, pour la première fois de son histoire, champion du Maroc. C’est un rêve que la cité des clémentines a caressé dans les années 1980, à l’époque des Boushaba et Harras.
Près de quatre décennies plus tard, donc, la RSB a grandi et s’est fait un nom en Afrique. Mais il lui restait à s’emparer de cette Botola que les « Oranges » ont failli remporter il y a quelques saisons déjà: en 2019-2020, le club de l’Oriental a lutté jusqu’à l’ultime journée, pour ne pas dire l’ultime minute, avant de céder le titre au Raja et de finir troisième…
Lire aussi : Coupe de la CAF: Berkane en démonstration face à Stellenbosch
La saison dernière, donc, Chaabani, que l’on a connu joueur et surtout entraineur (une C1 gagnée avec l’Espérance de Tunis, face au Wydad de Benzarti, lors de ce fameux duel où le match retour n’a jamais connu son terme), débarque dans la cité des clémentines et monte une équipe qui lui ressemble: teigneuse et pugnace, un authentique hérisson qui pique celui qui l’approche.
Même si elle ne rivalise pas avec le Raja et les FAR, tous les deux sur un nuage, la RSB fait une belle saison et finit sur le podium, avec une finale de C3 perdue. Pas de titre, donc, mais des promesses. Fallait-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein?
Plutôt que de tout casser pour repartir sur un nouveau cycle, les dirigeants ont la bonne idée de miser sur la continuité. Chaabani n’a rien gagné, mais il s’est parfaitement fendu dans le moule berkani.
Son style et celui qui a fait les succès récents du club ne font qu’un. C’est un mariage de raison, pas flamboyant pour un sou mais efficace, gagnant.
Au mercato d’hiver, on choisit de ne pas chambouler l’effectif. Mercato sage, recrutement ciblé. En tête de gondole, Munir, le portier numéro 2 des Lions de l’Atlas.
Le résultat ne se fait pas attendre. Pendant que les deux grands clubs casablancais piétinent, que les FAR perdent de l’énergie en C1 et que le reste de la concurrence se contente de jouer les trouble-fêtes, un boulevard s’ouvre devant les poulains de Chaabani.
Lire aussi : Botola: le centre de gravité se déplace-t-il vers l’Est?
Sur 16 matchs de Botola, la RSB en gagne 12. Un temps de passage exceptionnel. Pourtant, dans le jeu, l’équipe se montre économe. Le coach connait son effectif mieux que personne et sait jouer sur ses qualités.
Si la défense n’a encaissé que 6 petits buts, c’est que tout le monde défend et se montre solidaire. Cette défense ne laisse aucun espace aux adversaires et ne prend pratiquement pas de risque. Elle a la chance de s’appuyer, en plus, sur deux rocs: le gardien Munir, bien sûr, mais aussi le capitaine Dayo, le plus ancien de la bande.
Cette équipe sait se montrer patiente et s’adapter aux besoins du jeu. Elle abandonne souvent le ballon à ses adversaires et compte sur les phases dites de transition, avec des joueurs d’impact et des milieux spécialistes du box to box: cas, par exemple, des Khairi ou de Mourabit, deux excellents joueurs dont on ne loue pas souvent les qualités.
C’est simple, il n’y a pas de star, ni même de buteur attitré ou de grand attaquant. Et alors? C’est pratiquement avec une telle recette que Chaabani a tout gagné avec l’Espérance.
Et qu’il est bien parti pour donner à la RSB sa première Botola. Accessoirement aussi, ce mariage de raison pourrait déboucher sur une énième C3, puisque la RSB est la meilleure équipe de la phase de groupes, qui vient de s’achever hier.
Hâte de voir, l’année prochaine, cette machine de la gagne dans la prestigieuse C1 africaine…