En foot, tout va vite. Si vite que l’on peut dire, parfois, n’importe quoi. Parce qu’on oublie. On devient amnésique, pour ne pas dire ingrat.
Prenons le cas de Kylian Mbappé. Depuis son arrivée au Real Madrid, tout ne lui réussit pas, pas encore. Il rate des gestes techniques, des dribbles, des pénaltys, des choses qu’il n’avait pas l’habitude de rater. Alors on le traite mal. On oublie tout ce qu’il a déjà accompli, tout ce qu’il a gagné, tout ce qu’il a réussi et qui lui a valu qu’un géant comme Pelé, qui s’y connait quand même un peu en matière de foot, l’a toujours considéré comme son seul et authentique héritier.
Non, rien de tout cela ne compte. Pelé, Florentino Pérez, Ronaldo et les autres, n’ont jamais rien compris. C’est de l’histoire ancienne, cela n’a aucune importance. Parce qu’il a plus ou moins raté ses derniers matchs, Mbappé devient une nullité, un moins que rien. On le compare à un Hazard, qui a été pour le coup un accident industriel, alors que les deux cas n’ont strictement rien à voir.
Le foot, dit-on, c’est la culture du moment. Rien ne compte plus que le match d’aujourd’hui, la performance de l’instant. C’est de l’ingratitude, mais c’est comme ça.
En Liga espagnole, Mbappé a quand même planté 9 buts en 15 matchs de championnat. Pour un fiasco, le ratio est quand même élevé. Si tous les joueurs «nuls» pouvaient planter autant de buts…
Restons sur le Real et rappelons le cas d’un certain Karim Benzema. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des plus grands buteurs (et joueurs, tout court) de la Maison Blanche. Et à juste titre, tant le joueur a mis tout le monde d’accord, au moins sur le tard. Pourtant, en débarquant à Madrid, son ratio était bien plus modeste. Son temps de jeu aussi. Son talent était évident, mais les footix de Madrid et d’ailleurs avaient pourtant décrété que ce talent pur était une arnaque, une escroquerie.
Le temps a fini par faire comprendre à tous ces soi-disant connaisseurs combien Benzema, l’un des favoris absolus du président Pérez, était un bonheur pour les puristes du football.
Mbappé, même en n’étant pas au maximum, voire en donnant l’impression, dixit Emmanuel Petit, d’être «marabouté», arrive à mettre 9 buts en 15 matchs. Qu’est-ce que ce ça va être quand ce joueur magnifique retrouvera sa vitesse de croisière ?
La morale, la seule, c’est que les plus grands footballeurs restent des êtres humains, c’est-à-dire des personnes vulnérables à la pression. Comme d’autres avant lui, ce garçon appartient à la race des champions. Il l’a démontré par la passé et ne va pas tarder à le rappeler. Pour le plus grand bonheur de tous les vrais puristes du foot.
