Président Motsepe, l’Afrique vous regarde… Agissez

Patrice Motsepe, président de la CAF. AFP or licensors

ChroniqueL’Afrique mérite mieux: une CAF intègre, au service du jeu, et surtout un président qui ne détourne pas le regard.

Le 29/07/2025 à 17h56

À force de jouer avec le feu, la Confédération africaine de football (CAF) va finir par se brûler. On ne parle pas d’une petite escarre sans réelle conséquence. Non! On fait ici allusion au gros accident, avec entrée aux urgences, électrochocs et soins intensifs. Car l’instance dirigeante du football continental est plus proche de la crise cardiaque que de la grande forme olympique. Rien, ou presque, ne fonctionne comme il faut dans cette maison qui vacille, lentement mais sûrement.

Pendant ce temps, le Maroc s’apprête à organiser ce qui s’annonce comme la plus grande Coupe d’Afrique des Nations de l’histoire. Une CAN qui n’aura rien à envier à un Euro, une Copa América, voire une Coupe du monde. Une édition à la hauteur des ambitions du continent. Stades flambants neufs, peuple mobilisé, organisation millimétrée: le Royaume ne se contente pas d’accueillir un tournoi, il propose une vitrine de ce que l’Afrique peut accomplir lorsqu’elle croit en elle.

Mais ce rêve est menacé par un vieux démon. Un mal tenace, récurrent, qui ressurgit à chaque compétition estampillée CAF: l’arbitrage.

Ce que le monde a vu samedi soir à Rabat, lors de la finale de la CAN féminine entre le Maroc et le Nigeria, est tout simplement indigne d’une compétition continentale. Une faute flagrante dans la surface nigériane. Un penalty évident, non sifflé. Une décision injuste, aux conséquences immenses. Le tournant du match.

Le tout, sous les yeux de Patrice Motsepe, président de la CAF, et de Gianni Infantino, président de la FIFA. Et malgré cela, les arbitres ont osé. Ils ont commis l’irréparable.

Comment expliquer un tel sentiment d’impunité? Pourquoi ces décisions controversées se répètent-elles, tournoi après tournoi, sans jamais provoquer de véritable remise en question? La réponse est simple: rien ne change. La Commission d’arbitrage continue de fonctionner dans l’opacité la plus totale. Sans contrôle. Sans rendre de comptes. Elle incarne à elle seule cette culture d’immunité qui gangrène notre football. Et tant que cette culture perdurera, l’arbitrage africain restera à la traîne.

Ce n’est pas une première. Mais cette fois, l’humiliation est plus profonde, car elle se déroule à domicile, devant les caméras du monde entier. Le Maroc a investi, formé, bâti un projet solide pour son football féminin. Il a hissé ses Lionnes à un niveau jamais atteint. Et en un instant, tout s’effondre, à cause d’une décision injustifiable. Ce n’est pas qu’un fait de jeu. C’est le symbole de tout ce qui ne tourne pas rond dans notre football.

Monsieur Motsepe, vous avez désormais une responsabilité historique. Vous avez été élu, ici même à Rabat, avec la promesse de réformer la CAF et de rendre au football africain la place qu’il mérite. Il est temps d’agir. Avec fermeté et courage. Il faut nettoyer les écuries de l’arbitrage africain, réformer les structures, exiger des comptes, imposer la transparence et, surtout, protéger le jeu.

Car cette CAN 2025 sera observée comme jamais. Pour la première fois, la FIFA a choisi l’Afrique et le Maroc pour y implanter un siège régional, le quatrième au monde après Miami, Jakarta et Paris. Basé à Rabat, ce bureau aura pour mission d’accompagner les fédérations dans leur développement: gouvernance, football féminin, compétitions jeunes, infrastructures… et arbitrage.

L’Afrique est désormais scrutée de près par les plus hautes instances du football mondial. Cela signifie que les dérapages ne passeront plus inaperçus. Le peuple marocain, comme l’ensemble des peuples africains, ne réclame pas un arbitrage favorable. Il réclame un arbitrage juste, neutre et transparent.

L’Afrique mérite mieux: une CAF intègre, au service du jeu, et surtout un président qui ne détourne pas le regard.

Monsieur Motsepe, les projecteurs sont braqués sur vous. À vous de faire de cette CAN 2025 un tournant. Un succès total. Et cela commence par un acte fort: assainir une fois pour toutes l’arbitrage africain.

Par Adil Azeroual
Le 29/07/2025 à 17h56