CAN 2025: sommes-nous prêts?

Tanger, une des six villes hôtes de la CAN 2025.

ChroniqueFouzi Lekjaa et Patrice Motsepe visent l’excellence. Ils veulent offrir à l’Afrique une CAN à la hauteur des plus grandes compétitions internationales. Et c’est bien là tout le défi.

Le 30/05/2025 à 16h17

Depuis plusieurs mois, l’actualité brûlante au Maroc tourne autour d’un seul événement: la Coupe d’Afrique des Nations 2025, que le Royaume s’apprête à accueillir du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

Ah la CAN, événement grandiose, au pouvoir d’évocation surnaturel, à tel point que l’ex-président américain (d’origine africaine d’ailleurs) l’avait récupérée dans sa phrase devenue fameuse: «Yes we can!». Non, sérieusement. On ne sait pas exactement ce que pense l’ami Barack de cette compétition. Mais on sait très bien ce que pensent les autres présidents, ceux de la CAF et de la FRMF, de la prochaine édition marocaine.

Le premier en est certain: «la CAN masculine est la plus grande compétition de football sur le continent. Celle qui se tiendra au Maroc sera la meilleure de toutes». Pour le second, «réussir l’organisation de cette compétition est une réussite pour toute l’Afrique. C’est une preuve que notre continent est capable de relever les défis et de briller sur la scène mondiale».

En clair, Fouzi Lekjaa et Patrice Motsepe visent l’excellence. Ils veulent offrir à l’Afrique une CAN à la hauteur des plus grandes compétitions internationales.

Et c’est bien là tout le défi. Car dans l’imaginaire des hautes sphères du football mondial, la hiérarchie est claire comme un maillot uruguayen lavé 75 fois. Il y a d’abord l’Euro, son spectacle, ses stars, ses taux d’audience, ses sponsors et le fric qui va avec. Arrive en seconde position la Copa America, son spectacle, ses stars, ses futurs employés des championnats européens et le fric qui va avec. Il y a ensuite la Coupe d’Asie et le fric qui va avec. Et der des der, la CAN, qui a son spectacle, ses futurs employés de championnats européens, mais pas de fric. Et comme dit l’adage: «pas de fric, pas de chocolat».

Alors le Maroc a décidé de casser les codes. D’aller bien au-delà de l’organisation classique. Le Royaume veut frapper fort. Très fort. Montrer au monde, avant la Coupe du Monde 2030, qu’il est prêt. Prêt à accueillir, à impressionner, à redéfinir les standards.

Depuis l’attribution de la CAN, tout s’est accéléré. Feu vert sur tous les chantiers. Côté stades, la vision est claire. Neuf enceintes (au lieu des six initialement prévues) pour éviter la surcharge et offrir le meilleur aux joueurs et aux fans.

Même la carte géographique a été pensée au cordeau. Rabat disposera de quatre stades. Un choix stratégique pour préserver les pelouses et limiter les déplacements. Les distances entre les villes hôtes sont courtes, donc plus de fluidité, moins de fatigue et une meilleure expérience.

Et sur le front du tourisme, le Maroc joue déjà en Ligue des Champions. Ce n’est pas pour rien que plus de 17 millions ont visité le pays en 2024, un record qui positionne le Royaume en tête des destinations africaines.

La tech est aussi de la partie. La 5G, attendue dans les six villes hôtes d’ici novembre, permettra donc une transmission plus fluide des rencontres et une meilleure connectivité pour les journalistes, techniciens, visiteurs et supporters. Bref, une CAN 2.0.

Mais il reste un défi. Le plus discret, le plus sournois aussi. Celui des comportements. Du civisme. Et sur ce point, l’alerte est donnée. Le Centre marocain pour la citoyenneté (CMC) vient de publier une étude inquiétante. Elle pointe du doigt les dérives sociales que nous connaissons trop bien, mais que l’on préfère souvent ignorer: marchés noirs, mendicité agressive, hygiène douteuse, files d’attente inexistantes, taxis récalcitrants, incivilités en tout genre. Un cocktail potentiellement explosif pour l’image du pays.

Car à quoi bon des stades flambants neufs si les visiteurs se sentent harcelés à la sortie? À quoi bon la 5G si l’accueil dans la rue est glacial? L’organisation ne se joue pas que dans les bureaux de la FRMF ou de la CAF. Elle se joue dans chaque sourire, chaque geste, chaque interaction.

Le CMC a raison: il faut une campagne nationale, massive, ambitieuse. Car au-delà de la CAN, c’est aussi le Mondial 2030 qui est en ligne de mire. Ce que le Maroc montrera en 2025, c’est ce qu’il promettra pour 2030. Alors oui, on peut. Et non, ce n’est pas Barack Obama qui l’a dit. C’est nous, Marocains.

Par Adil Azeroual
Le 30/05/2025 à 16h17