La dernière cérémonie du Ballon d’Or «France Football» a consacré Messi meilleur joueur du monde pour la huitième fois de sa carrière. Sans remettre en cause son génie ni leur admiration, pour le candidat le plus sérieux au titre de meilleur joueur de l’histoire, des voix se sont élevées pour critiquer cette récompense remettant même en cause l’idée des récompenses individuelles dans un sport collectif.
Un sondage a même été proposé par le journal madrilène «As». Il concernait 16.000 votants et 86% des sondés ont répondu qu’il ne le méritait pas. On connait la rivalité Barça-Real, on suppose qu’elle s’est exprimée à l’occasion. En Norvège non plus le verdict n’a pas été accepté. Encore une fois, ça peut s’expliquer, Haaland est Norvégien. C’est un brillant deuxième avec des statistiques hors normes et une saison extraordinaire en club. Il a contribué aux succès de Manchester City en Ligue des Champions, une première historique pour le club, et en championnat. Des anciens joueurs tels Lothar Matthaus, ancien Ballon d’Or, ou Jérôme Rothen ont sévèrement remis en cause cette récompense. Cristiano son plus grand rival sur les quinze dernières années s’est prononcé contre, mais avec le sourire, laissant à chacun le soin d’interpréter son verdict. Messi dans une interview lui a rendu hommage. De la part des deux, c’est de la Com.
C’est son parcours en Coupe du Monde, un trophée qu’il remporte pour la première fois de sa carrière, qui lui vaut cet honneur, c’est incontestable. Messi ne faisait même pas partie des 30 nommés l’année précédente. Il est vrai que son passage au Paris Saint Germain, à part quelques exploits, n’a pas marqué les esprits.
Ces critiques sont-elles fondées? Non si l’on se réfère à son talent, sa Coupe du Monde et au règlement du concours. Il a été désigné au terme du vote des 100 journalistes sportifs les plus importants des 100 pays les mieux classés au niveau de la FIFA. Pour rappel ces journalistes sont soit des correspondants de la revue France Football, des rédacteurs en chefs de la page sport des agences de presses officielles du pays ou des rédacteurs en chefs du principal média sportif.
En devenant champion du Monde, Messi mettait fin à toutes les critiques relatives à son manque d’impact sur les résultats de son équipe nationale. Dans la foulée, le prix «Yachine» a été attribué au gardien de l’équipe d’Argentine Emiliano Martinez, décisif aux dernières minutes de la finale. Cette décision, logique a choqué. Les sifflets qui ont accompagné sa désignation sont plus qu’éloquent. Personne n’a oublié son geste obscène lors de la cérémonie de remise de la coupe en finale. Il fallait le disqualifier au départ et avant les votes. Un couac peu critiqué par les médias et qu’il fallait souligner. Sans parti pris et sans chauvinisme, Bounou aurait donné plus d’éclat à ce prix pour son talent, ses exploits et sa personnalité attachante. Les organisateurs ont compris l’enjeu et ont appelé son père pour lui remettre le prix sinon les sifflets auraient été encore plus nourris.
Bien que sport collectif, le football est composé d’individualités. En effet, sans ses coéquipiers et leurs solidarités, Messi n’aurait jamais rien gagné. Mais force est de constater que les plus importantes vedettes de ce sport sont devenues des marques commercialisables. Messi, Ronaldo, Neymar, Mbappé, Haaland, Vinicius et depuis peu Bellingham, Gavi, Pedri et bien d’autres, sont mis en scène régulièrement en dehors des stades. Et au cours des matchs des caméras leurs sont dédiées pour suivre leurs faits et gestes.
C’est France Football, ancien hebdomadaire, mensuel aujourd’hui, qui a lancé l’idée de récompenses individuelles en 1956. Ils se sont probablement inspirés de la NBA, National Basket Association, qui, dès 1951, récompensait le joueur ayant réalisé la meilleure prestation lors du match «NBA All Star Game», suivi d’un autre prix, le NBA «Rookie of the Year», en 1953, et en 1956, le prix du meilleur joueur de la saison.
Depuis les prix se sont multipliés. En football aussi, d’autres revues se sont essayées, le «Onze d’Or» par exemple, avant que la FIFA et les confédérations ne s’en mêlent. C’est ainsi que la CAF vient d’annoncer que la prochaine cérémonie des «CAF Awards» aura lieu à Marrakech, le lundi 11 décembre. Elle fait suite à la dernière cérémonie qui s’est tenue à Rabat.
Ce type de cérémonie de plus en plus officielles et dont la médiatisation s’internationalise consacre l’idée de la nécessité de récompenses individuelles en football. En multipliant les prix, les organisateurs tiennent compte de la hiérarchisation des postes. Les attaquants responsables du spectacle sont privilégiés. Ils ne sont pas garants du résultat, d’où l’utilité d’autres prix, parce qu’en football le jeu est collectif mais le génie reste individuel.