Depuis 2019, l’Algérie se trouve dans un contexte socio-politique tendu avec la montée en puissance du mouvement Hirak qui exige la tête de tous les dignitaires du régime.
Pour contrer la colère de la rue, la junte au pouvoir à Alger a d’abord usé de la force et arrêté plusieurs militants. Une méthode qui a montré ses limites puisque les manifestations dans toutes les villes du pays se sont multipliées de façon exponentielle.
Il fallait donc trouver un autre moyen pour mettre un terme à cette polarisation politique qui menace l’appareil militaire qui gouverne d’une main de fer le pays.
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Et la solution est toute trouvée: diaboliser un pays proche géographiquement, faire de lui un ennemi et mettre sur son dos tous les maux qui frappent l’Algérie.
C’est ainsi que le régime algérien a rompu unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc le 24 août 2021, fermé son espace aérien le 23 septembre suivant, avant de fermer le Gazoduc Maghreb-Europe une semaine plus tard, soit le 1er novembre de la même année.
Depuis, tous les moyens possibles et imaginables sont utilisés pour nuire au voisin, endoctriner la population, développer la propagande et surtout vulgariser la haine et le racisme, deux leviers bien enracinés dans le Système.
Le foot otage de la junte
Et le foot ne déroge pas à cette règle. Ce sport universel, qui unit les peuples et permet à des cultures diverses de se découvrir, se retrouve pris en otage par la junte qui l’utilise à des fins purement politiques. Dernier exemple en date: le refus des autorités algériennes d’accorder une autorisation à l’avion de Royal Air Maroc (RAM), transporteur officiel des équipes nationales, d’emmener les Lionceaux de l’Atlas à Constantine, ville hôte de leurs rencontres au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN).
«Il est vraiment déplorable de priver de jeunes joueurs qui se sont préparés pendant un mois de participer à cette compétition sportive africaine», a déclaré vendredi Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), en marge de la réception du président de la Fédération internationale de football (FIFA) et du président de la Confédération africaine de football (CAF). Gianni Infantino et Patrice Motsepe étaient en effet arrivés vendredi à l’aéroport de Rabat-Salé afin d’assister à la cérémonie de tirage au sort de la Coupe du monde des clubs, prévue du 1er au 11 février au Maroc.
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«Cela m'attriste, je veux que le Maroc aille en Algérie, je veux que ces jeunes garçons représentent le peuple marocain et l'ensemble de l'Afrique. J'ai passé les derniers jours à faire tout mon possible», a regretté pour sa part Motsepe, précisant que le gouvernement algérien en avait fait «une affaire de souveraineté».
«C’est un grand problème pour la CAF. Il faut aussi garder en tête qu’il y a une CAN qui arrive. Nous voulons voir les joueurs marocains, mais aussi leurs supporters. Ces derniers sont essentiels. Nous ne voulons pas que la politique s’invite dans le football, il y a un règlement et des règles. Nous avons des obligations et des engagements à respecter», a ajouté le patron du football africain.
Des cris racistes contre les Marocains
Patrice Motsepe pensait traiter avec des personnes saines d’esprit qui respectent leurs engagements ainsi que le cahier des charges de la CAF. Le Sud-Africain vient de l’apprendre à ses dépens: les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Ces mêmes Tebboune et Chengriha, qui l’ont accueilli avec le sourire, jeudi dernier lorsqu’il a atterri à Alger en compagnie du président de la FIFA, Gianni Infantino, l’ont humilié 24 heures après devant le monde entier en lui faisant regretter son déplacement express à Rabat.
Le régime algérien a apprêté des bus pour remplir le stade avec des personnes embrigadées qui n’ont pas cessé, tout au long de la cérémonie et durant le match d’ouverture Algérie-Libye, d’insulter les Marocains qui n’avaient rien à voir avec la rencontre. Ce «public», visiblement chauffé par la propagande du régime d’Alger, a scandé: «Donnez-lui des bananes, donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal».
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La FRMF n’a pas tardé à réagir pour dénoncer les agissements malveillants et les manœuvres abjectes de la junte. «La FRMF rejette les propos racistes prononcés par des supporters présents à la cérémonie d’ouverture à l’égard du public marocain connu à travers le monde entier pour son civisme», a écrit l’instance présidée par Lekjaa dans un communiqué publié sur son site officiel, précisant qu’elle a adressé une correspondance à la CAF qui est appelée à «assumer toute la responsabilité face à ces transgressions flagrantes qui n'ont aucun lien avec les principes et valeurs du ballon rond».
Le racisme, une politique d'Etat assumée en Algérie
Le racisme en Algérie n’est pourtant pas nouveau. Les autorités algériennes ont été prises en flagrant délit de discours haineux à l’égard des Subsahariens si fréquemment qu'il ne subsiste plus aucun doute sur le caractère assumé de ces dérives au plus haut sommet de l’État.
En 2016, alors qu’Alger venait d’organiser une grande rafle de Subsahariens, qualifiée par les ONG de «plus grande chasse à l’homme noir» depuis l’indépendance, un conseiller de la présidence en matière de droits de l’homme (sic) en a profité pour insulter les ressortissants des pays africains résidant en Algérie. Farouk Ksentini, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait alors dit que «nous (les Algériens) sommes exposés au risque de propagation du Sida, ainsi que d’autres maladies transmissibles à cause de la présence de ces migrants».
Le pire, c’est qu’après avoir tenu de tels propos dans un quotidien arabophone, Assawt El Akher en l'occurrence, ce conseiller de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, a choisi de les assumer en renchérissant. Lors d’une interview quelques jours plus tard sur le site Tout sur l’Algérie, il déclarait: «La présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs régions du pays peut causer plusieurs problèmes aux Algériens». Puis d'ajouter: «Ces maladies sont considérées comme quelque chose d’habituel et de normal par cette communauté». Comme si cela ne suffisait pas, il avait poursuivi, le visage empli de haine: «J’ai dit la vérité, ces migrants ont été porteurs de beaucoup de maladies en Algérie».
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Les mesures et actes xénophobes contre les Subsahariens, cautionnés par les officiels, se sont même intensifiés. En juin 2017, cette haine contre les migrants s’était propagée sur les réseaux sociaux avec une campagne de hashtags racistes (#NonauxAfricainsenAlgérie, #Nettoyerlesvilles) qui avait provoqué l'indignation de certains intellectuels, de responsables des droits de l’homme et d'ONG.
Ainsi, le 9 juillet 2017, Ahmed Ouyahia, ministre d’État et surtout directeur de cabinet du président algérien Abdelaziz Bouteflika et plusieurs fois Premier ministre, faisait des déclarations scandaleuses, décrétant que «ces étrangers en séjour irrégulier amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux», avant d’ironiser en ajoutant: «On ne dit pas aux autorités, jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts».
Pour les Algériens, aucun doute, le message était venu d’«en haut», sachant qu'Ouyahia était considéré comme l’une des figures proéminentes du système.
Juste après les propos scandaleux d’Ouyahia, c’était au tour du ministre des Affaires étrangères, l’inénarrable Abdelkader Messahel, de renchérir le 11 juillet en demandant au gouvernement algérien des «mesures urgentes» face au «flux en Algérie de migrants subsahariens».
Nommé au poste de Premier ministre, Ouyahia obtient «carte blanche», si ce n’est l’ordre de mission pour peaufiner et exécuter sa «solution finale»: plus de migrants subsahariens en Algérie, légaux ou illégaux.
La CAN 2025 en Algérie, à vos risques et périls
Et depuis, régulièrement, les migrants subsahariens ont fait l’objet de persécutions et d’expulsions massives vers le Niger et le Mali voisins.
Au cours des cinq dernières années, la méthode n’a pas changé: rafle des migrants, regroupements dans des camps et finalement direction le désert du Sahara.
Car une fois à Tamanrasset, située à près de 2.000 km au sud d’Alger, ils doivent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à pied dans le désert pour espérer arriver au premier village nigérien, situé après la frontière algérienne. Affamés, déshydratés, nombreux sont ceux qui n’y arrivent pas.
L’antisémitisme est aussi haussé au rang de politique d’Etat en Algérie. En atteste une vidéo glaçante, datant de 2015, dans laquelle pour galvaniser les troupes lors d’un exercice de marche ordonnée de la gendarmerie nationale algérienne, on entend un appel à massacrer les juifs! «Oh Arabes, fils d’Arabes. Marchez et pointez vos armes vers les Juifs. Pour les tuer. Les abattre. Les écorcher. Les égorger…», y chantent à tue-tête des éléments de la gendarmerie algérienne.
Cette politique de xénophobie d’Etat avait poussé les autorités algériennes à bannir purement et simplement les Subsahariens des transports interurbains reliant certaines villes. Une discrimination honteuse qui rappelle à la fois les pires moments du racisme aux Etats-Unis et la politique d’apartheid en Afrique du Sud.
Qui peut croire que cette même Algérie abrite, en ce moment, le CHAN et espère organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2025? La CAF ne doit même plus se pencher sur le dossier de candidature de ce pays raciste qui ne mérite qu’une seule chose: des sanctions à la hauteur de ses crimes.
La balle est désormais dans le camp de la CAF qui a le devoir de sévir sévèrement contre le pouvoir qui encourage dans des stades des cris haineux et racistes contre le peuple marocain.