Il faut toujours se méfier des matchs de préparation qui arrivent en fin de saison. D’une part, il y a des joueurs qui ont 40 ou 50 matchs au compteur et qui ont forcément besoin de souffler. D’autres sont en pleine réflexion ou négociation et ne savent pas dans quel club ils vont atterrir à la rentrée. D’autres encore doivent se préserver parce qu’ils ont encore une compétition à jouer.
Un Hakimi, par exemple, remplit deux cases sur trois. Physiquement et mentalement, il est au bout du rouleau. Il n’en peut plus. Alors qu’il a encore une Coupe du monde des clubs à jouer…
Un Ben Seghir, de son côté, doit davantage se préoccuper de son prochain contrat, lui qui devrait quitter Monaco pour une plus grosse écurie européenne. Un Ounahi aussi doit être dans le même cas de figure, lui qui se rapproche de Brighton, au moment où il revient de prêt à Marseille. Et on ne parle pas d’un El Khannouss, en passe de quitter Leicester, relégué en Championship…
Tout cela s’est un peu vu lors de ce Maroc-Tunisie (2-0) joué vendredi dernier à Fès. Nous avons vu une sélection marocaine évoluant à plusieurs vitesses, comme si certains avaient l’esprit ailleurs… Face à des Tunisiens agressifs et regroupés en défense, les Marocains ont eu du mal à percuter et à se créer de réelles occasions dans le jeu. Et pour cause: les seuls joueurs capables d’éliminer en un contre un et de créer des différences étaient clairement émoussés.
Pas étonnant que la délivrance soit venue des balles arrêtées. Dans le jeu, c’est une autre histoire. Et la fatigue de certains cadres n’explique pas tout.
Il y a un problème récurrent sur le plan tactique: devant des blocs compacts et bien organisés, il ne sert à rien de mettre En-Nesyri seul en pointe. Cela revient à l’abandonner en l’isolant du reste de l’équipe. Le match contre la Tunisie en a été une nouvelle illustration, la énième. Pourquoi s’entêter à ce point?
C’est quand ils sont passés à une formule à deux devant, que les Lions se sont enfin montrés dangereux et ont fini par trouver la faille…
Alors oui, la bonne nouvelle, c’est que ce match permet aux Lions de rester dans une (impressionnante) dynamique de victoires. C’est toujours bon à prendre. Pour le reste, on attendra avant de tester réellement la solidité de l’animation défensive…
Le match qui se présente face au Bénin doit pousser le sélectionneur marocain à faire un vrai turn-over. Il est temps de donner réellement leur chance à des garçons comme Sannadi ou Igamane. C’est le moment ou jamais.
Et il est temps de faire souffler Achraf Hakimi. D’accord, il a ouvert le score face à la Tunisie et constitué une des rares satisfactions du match. Mais pourquoi lui avoir fait disputer l’intégralité des 90 minutes? Regardez ses coéquipiers au PSG: aucun d’entre eux n’a disputé l’intégralité des demi-finales de Ligue des nations avec sa sélection…