Fondation «Maroc 2030»: le Royaume installe sa tour de contrôle pour piloter la Coupe du Monde

Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF)

En adoptant le projet de loi instituant la Fondation «Maroc 2030», le gouvernement marocain lance une structure dédiée à la réussite de la Coupe du Monde 2030. Les détails.

Le 10/07/2025 à 17h39

Le jeudi 10 juillet 2025 marquera peut-être un tournant plus décisif qu’il n’y paraît dans la trajectoire du Maroc vers la Coupe du Monde 2030. Réuni sous la présidence de Aziz Akhannouch, le Conseil de gouvernement a adopté un projet de loi qui pourrait bien cristalliser les ambitions du Royaume et catalyser les transformations qu’il appelle de ses vœux depuis plusieurs années: la création de la Fondation «Maroc 2030».

Annoncé par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du budget et président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) ce texte législatif découle directement des Hautes Orientations Royales édictées lors du Conseil des ministres du 4 décembre 2024. Une instruction royale qui sonne comme un mot d’ordre: réussir le Mondial 2030… et au-delà.

La Fondation «Maroc 2030» ne sera pas une énième structure technocratique. Elle est pensée comme l’architecte discret mais décisif de l’ambition mondiale du pays. Sa mission? Faire en sorte que l’État honore ses engagements dans les délais, dans les règles, et dans la hauteur de vue attendue par la FIFA, mais surtout par les Marocains eux-mêmes. Il s’agit d’assurer la livraison des grands projets (stades, infrastructures de transport, chantiers de modernisation) sans les lenteurs et les lourdeurs souvent reprochées à l’administration classique.

Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, l’a dit sans détour: la Fondation a pour rôle d’accélérer. Accélérer les travaux, accélérer les synergies, accélérer la vision. Une vision qui ne se limite pas aux villes hôtes du Mondial, mais qui ambitionne de faire ruisseler les bénéfices de l’événement sur l’ensemble du territoire.

Dans l’esprit du texte présenté, «Maroc 2030» devra fonctionner selon une approche participative. Une mécanique complexe mais nécessaire qui mobilise tout le monde: administrations publiques, établissements étatiques, collectivités territoriales, société civile, secteur privé, diaspora marocaine, monde du football et même les compétences africaines. C’est à la fois une ouverture et une exigence, celle d’une organisation mondiale portée non pas par un État seul, mais par une nation solidaire.

Au-delà de la Coupe du Monde, qui demeure la locomotive, la Fondation devra aussi préparer le terrain pour d’autres événements, notamment la CAN 2025. Et surtout, elle devra inscrire tout cela dans un projet de développement plus large, plus profond, plus durable. En somme, utiliser le sport non comme une finalité, mais comme un levier. Un levier d’intégration, de mobilité sociale, de mise à niveau infrastructurelle, de repositionnement stratégique du Maroc sur la scène mondiale.

En filigrane, c’est toute la vision du Roi Mohammed VI qui se dessine: faire du sport un moteur de développement global. Le choix de confier cette tâche à une fondation et non à un ministère ou une commission temporaire n’est pas anodin. Il consacre une forme de gouvernance hybride, souple, réactive, pensée pour les défis du XXIe siècle. Il s’agit de ne pas reproduire les erreurs du passé, où le temps politique et le temps administratif n’étaient jamais en phase avec les échéances sportives.

Le défi est immense. Mais il est à la hauteur de l’ambition affichée: faire du Maroc non seulement un pays organisateur, mais un acteur structurant du football mondial et un exemple de développement par le sport. Le projet de loi 35.25 ne se contente pas de créer une entité administrative: il engage un pacte collectif. Il dessine une route, balisée certes par des échéances sportives, mais portée par un élan de transformation nationale.

Dans six ans, les yeux du monde seront braqués sur Rabat, Casablanca, Marrakech, et les autres villes hôtes. Ce regard mondial, le Maroc s’y prépare dès aujourd’hui. Avec méthode, rigueur, ambition… et désormais, avec une fondation.

Par Adil Azeroual
Le 10/07/2025 à 17h39