Mondial 2022/Groupe G: et si la Suisse surprenait le monde?

"Oui, l'équipe a envie d'être championne du monde", affirmait crânement à l'automne dernier Dominique Blanc, le président de la Fédération suisse, sitôt la qualification de la Nati décrochée pour son cinquième Mondial consécutif (20 novembre-18 décembre).

Il ne faut pas remonter loin, pourtant, pour voir ce petit pays montagneux, épris de ski et de hockey au moins autant que de ballon rond, buter à chaque grand tournoi sur son incapacité à remporter le moindre match à élimination directe depuis 1938.

Mais, à Bucarest, la soirée du 29 juin 2021 a fracassé le plafond de verre suisse, statistique autant que psychologique: non seulement les hommes de Vladimir Petkovic ont éliminé les champions du monde français en huitièmes de finale de l'Euro, mais ils l'ont fait en remontant deux buts de retard à 15 minutes de la fin, avant de s'imposer aux tirs au buts.

Et s'ils ont à leur tour cédé en quarts face à l'Espagne (1-1 a.p., 3-1 t.a.b.), c'est en opposant une résistance farouche à dix contre 11, bien aidés par les multiples parades de leur talisman, déjà héroïque face à la France, le portier de Mönchengladbach Yann Sommer.

"Energie folle" 
"Désolé, mais j'ai envie de dire +pu... rée, c'est le moment de faire quelque chose! Il faut être hyper ambitieux, car dans deux ans, dans quatre ans, le contexte ne sera peut-être pas le même", résumait récemment auprès de la RTS Michel Pont, sélectionneur-adjoint entre 2001 et 2014.

Bien sûr, il faudra une entame moins poussive qu'à l'Euro pour s'extirper des trois confrontations face au Cameroun (24 novembre), au Brésil (28 novembre) et à la Serbie (2 décembre), et s'offrir un huitième face à l'un des deux premiers du groupe H (Uruguay, Portugal, Corée du Sud, Ghana).

Passée après l'Euro sous la houlette de Murat Yakin, adepte d'un jeu plus direct que son prédécesseur, la Nati a gagné quelques certitudes sur la solidité de son groupe, capable de poinçonner son billet pour le Qatar sans une défaite en huit matches malgré une cascade de blessés, et ce, dans le groupe de l'Italie.

Elle a aussi rattrapé en fanfare une entame catastrophique en Ligue des nations, avec trois succès contre le Portugal (1-0) en juin puis l'Espagne (2-1) et la République tchèque (2-1) en septembre, succédant à trois défaites.

La cheville de Sommer 
Et ses cadres rayonnent en club, à commencer par son capitaine Granit Xhaka à Arsenal (quatre buts et trois passes décisives cette saison), toujours hargneux mais débarrassé, à 30 ans, des coups de sang qui l'avaient discrédité auprès des supporters.

Gros paris de l'été lorsqu'ils ont quitté la Bundesliga à quelques mois du Mondial, Manuel Akanji et Breel Embolo se sont vite imposés sous leurs nouvelles couleurs, respectivement en défense centrale à Manchester City et à la pointe de l'attaque de l'AS Monaco.

Mais, comme tant de sélections, la liste que Murat Yakin dévoilera mercredi (11h00) est suspendue aux blessures, avec une série d'alertes qui ont assombri le ciel suisse ces dernières semaines.

La plus alarmante reste la torsion de la cheville gauche de Yann Sommer le 18 octobre, d'autant que sa doublure Jonas Omlin (Montpellier) s'est à son tour blessée à la cheville le 23 octobre.

S'y ajoute une inconnue: le niveau de forme de Xherdan Shaqiri, exilé à Chicago et qui s'entraîne actuellement à Lugano pendant la trêve américaine...