L’athlétisme national va très bien, il a même réalisé une saison 2016/2017 exceptionnelle. C’est une vérité absolue quand elle sort de la bouche du président de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA), Abdeslam Ahizoune. Il l’a dit, mercredi dernier, devant un parterre d’athlètes et de dirigeants de clubs lors d’une cérémonie de remise des subventions.
Il ne faut surtout pas croire qu’Ahizoune est amnésique. Loin de là, le gestionnaire des télécommunications ne se départit aucunement d’un raisonnement, qu’il assène à jet continu et avec force conviction, depuis des années. Il se félicite et félicite les athlètes, même si les résultats ne suivent pas, voire n’existent pas. Au retour des Jeux olympiques de Rio 2016 où l’athlétisme national a sombré, il a reçu les athlètes en pompe.
On ne sait pas s’il a voulu leur remonter le moral ou s’il joue à ce jeu pour escamoter ses propres échecs. En tous les cas, il les a félicités en leur répétant qu’ils seront les champions de demain et que l’essentiel est de participer.
Ahizoune s’accroche inlassablement au slogan du père des Jeux olympiques, Pierre de Coubertin: «L’essentiel c’est de participer ». Il oublie, tout de même que cela fait 123 ans que cette phrase a été prononcée. Depuis, beaucoup de choses ont changé dans les Jeux olympiques avec la prédominance de l’argent et de politique.
Les médailles valent leur pesant d’or pour chaque nation dans le concert des nations. Autant dire que si vous participez et que vous ne gagnez pas, ni le nom de votre pays ni l’hymne national ne seront évoqués dans le stade olympique, ni même dans les tablettes de l’Histoire.
Donc, il faut gagner et notre Ahizoune national a une drôle de conception du succès. A preuve, il a été si heureux que le nom Maroc soit sorti de la liste noire (dopage) de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) dite liste de surveillance antidopage. Une bonne nouvelle, dit-on, et la résultante d’un travail assidu de la FRMA, comme si on glané des médailles aux JO et aux Mondiaux.
C'est en mars 2016 que le Maroc a été blacklisté comme un pays où la pratique du dopage était récurrente. Notre pays était en compagnie des cinq meilleurs «dopeurs» du monde en l’occurrence: la Biélorussie, l'Ukraine, le Kenya et l'Ethiopie.
Terrible. Mais notre Ahizoune national en a fait un succès personnel via un communiqué élogieux. Il a juste oublié que l’image du Maroc a été ternie pendant des années quand des dizaines d’athlètes marocains ont été épinglés en flagrance. Rien ne serait passé si Ahizoune avait écouté Said Aouita en 2009 quand ce dernier était DTN et qu’il fut le premier à dénoncer le dopage.
Bien au contraire, le président de la FRMA a limogé le légendaire athlète pour avoir dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : «Je veux clarifier la situation et informer l’opinion… Je suis initialement venu à la Fédération pour former des athlètes dans le sérieux et la discipline. Ma devise, c’est aussi la lutte contre le dopage», a confié Said Aouita à l’AFP en mars 2009.
Autant dire que le président de la FRMA a refusé de regarder la vérité en face pour subir la foudre de l’IAAF et se féliciter quand celle-ci l’a relâché. Heureux qui comme Ahizoune.