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Racisme dans le sport, la dangereuse banalisation

L'artiste française Aya Nakamura. © Copyright : DR
Le racisme n’a pas sa place dans un monde ouvert et coloré, encore moins dans le sport. C’était le but de la participation de l’artiste Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques Paris-2024, c’est raté!
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La campagne engagée en France contre la présence de Madame Aya Nakamura lors de la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux Olympiques, est féroce. Elle est portée par une frange de la population française, xénophobe, raciste, et relayée par des médias clivants et des journalistes d’opinions au service d’une idéologie radicale souvent anti musulmane.

Aya Nakamura est une chanteuse extrêmement populaire chez les jeunes. Pour les opposants à sa désignation, l’artiste, d’origine malienne, n’est pas en adéquation avec les valeurs françaises. On se demande bien lesquelles. Soucieux de préserver leur image, auprès d’un public jeune, un grand nombre d’artistes ont soutenu l’interprète du tube «Oh Djadja». Ils sauvent l’honneur de certains hommes politiques qui auraient été inspirés de garder le silence.

En réalité, ceux qui sont contre cette proposition, qui émane des autorités françaises, refusent de voir une artiste d’origine étrangère mise en avant et promue en tant que symbole de la diversité française. Tant qu’un étranger sert les intérêts français, on s’en accommode, mais pas question de le mettre en avant et de lui donner de la visibilité. La participation de l’artiste à la cérémonie d’ouverture va accroitre sa visibilité et sa notoriété à l’international. C’est une certitude. Ils ne le veulent pas, ils préfèrent promouvoir un artiste bien français. Jean Jacques Debout, un parolier connu dans les milieux de la chanson française, le dit cash: «J’aurais mis Florent Pagny. Parce que je pense que c’est un chanteur hors pair. Avec ce qui lui est arrivé, je pense que ça lui aurait fait du bien». On ne peut être plus clair. C’est une affaire de promotion et de préférence nationale, dans ce cas de préférence de couleur de peau, Aya Nakamura étant naturalisée française.

Les mêmes politiques ou homme de médias sont bien contents de voir l’ Équipe de France de Camavinga, fils d’un émigré clandestin, Kanté, Zidane ou Thuram, porter bien haut les couleurs de la France. Ils les acceptent pour une raison bien simple, le rapport est inversé. Ce n’est pas le joueur qui a besoin d’être promu par l’équipe de France c’est clairement la France qui a besoin de son talent. Il n’y a plus de polémique dès qu’il s’agit des intérêts français, pour cette frange de la population, minoritaire malgré tout. Pragmatique mais vigilante. Dès qu’un joueur sort du rang, il est stigmatisé et mis au pilori. On a vu ce qu’il est advenu de Benzema et de Pogba.

Les médias français retrouvent leur arrogance dès qu’un joueur talentueux est convoité par l’équipe nationale du pays d’origine de ses parents. Ils crient même à la trahison lorsque ce même joueur choisi le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ou le Sénégal au lieu de porter le maillot bleu. Des propos à nuancer, ce n’est vrai que pour les meilleurs joueurs, ceux qui n’ont pas d’équivalent «bien blanc» comme dirait Louis De Funès. C’est honteux, et cette polémique, ravivée systématiquement par les chaînes d’informations françaises, en fait des chaînes d’opinions nauséabondes, contribuent à la dégradation de l’image de la France dans le Monde.    
Ce n’est pas la première fois. Dans un autre registre, on se souvient tous de la campagne de boycott qui avait précédé la Coupe du Monde au Qatar en 2022. La campagne, menée en France pour le boycott de l’édition avait été spectaculaire. Les arguments avancés par les supporters de cette campagne n’étaient pas ouvertement racistes, ils seraient tombés sous le coup de la loi, c’était plus subtil, comme pour Nakamura.

Mbappé, d’origine étrangère, est actuellement le meilleur joueur français et l’un des meilleurs du monde. Interrogé par les médias sur sa position politique concernant les prochaines élections en cours en France, il a déclaré qu’il s’opposait aux extrêmes. Le racisme, porté par les extrêmes, sous couvert de problématiques d’immigrations, est au centre des débats politiques dans l’hexagone. Les médias lui sont tombés dessus comme un seul homme. Des hommes politiques, bas de gamme, lui ont reproché son train de vie, et les réseaux sociaux se sont réjouis de sa blessure, nez cassé, à travers plusieurs post répugnants. C’est dire le niveau atteint par ce sentiment abject au sein de la société, y compris en sport. Ceux qui dénoncent la présence de Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, parce qu’elle ne correspond pas à l’identité française sont les premiers à louer sa diversité lorsque Mbappé marque un but. De même ceux qui ont appelé au boycott de la Coupe du Monde au Qatar sont bien content des investissements réalisés au PSG.

Les médias français, soucieux de préserver l’identité française sont en train de détruire l’idée que l’on se faisait de la France. Le président Macron a eu raison de condamner une campagne raciste contre l’artiste d’origine africaine. La France souffre d’une dégradation sérieuse de son image. Elle avait une occasion de la redorer un peu, les polémiques en ont décidé autrement. C’est triste parce que le racisme n’a pas sa place dans un monde ouvert et coloré, encore moins dans le sport. C’était le but de la participation de l’artiste à la cérémonie d’ouverture, c’est raté!

Par Larbi Bargach
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