CAN 2025, accueil de l’Algérie, stades marocains, Lamine Yamal… les vérités de Fouzi Lekjaa

Le président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa.

À moins de six mois de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, le président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa, s’exprime sur les grands enjeux de cette édition organisée au Maroc. Dans un entretien accordé à L’Équipe, il revient sur les objectifs sportifs, l’accueil des Algériens, la préparation des stades, le défi du Mondial 2030 et la question sensible des binationaux, dont le cas de Lamine Yamal.

Le 03/07/2025 à 10h29

Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), s’est confié au quotidien sportif français L’Équipe, dans une interview publiée ce jeudi 3 juillet. Le patron du football marocain y évoque les grands enjeux de la CAN 2025, que le Maroc s’apprête à accueillir, mais aussi les ambitions de la sélection nationale, la Coupe du Monde 2030 et la délicate question des binationaux.

Interrogé d’entrée sur la nature des objectifs liés à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, qu’ils soient sportifs ou organisationnels, Fouzi Lekjaa affirme que l’enjeu est global. «Dans le cadre de la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’organisation de la CAN est l’occasion pour le royaume du Maroc de rafraîchir la mémoire par rapport à sa culture, sa civilisation millénaire», affirme-t-il. Loin d’un simple défi logistique, l’événement est perçu comme une vitrine du Maroc moderne et de l’Afrique active.

Les stades? «Prêts», assure-t-il, citant les enceintes de Rabat et Tanger qui figureront aussi parmi les hôtes du Mondial 2030. «Le standard international de cette édition n’aura rien à envier à la Coupe d’Europe ou à la Coupe du Monde. Les conditions de préparation et d’entraînement pour les 24 équipes seront optimales, les neuf stades sont prêts, répondent aux normes internationales, deux accueilleront la Coupe du Monde 2030, le stade Prince Moulay Abdellah à Rabat et le stade Ibn Batouta de Tanger», détaille le président du Comité Coupe du Monde 2030. Et pour Lekjaa, ce niveau d’organisation doit être un catalyseur pour faire franchir un cap à la CAF: «mieux c’est organisé, mieux c’est marketé, plus les recettes augmentent, plus les marges de redistribution et de développement sont importantes».

Un message de paix aux supporters algériens

Questionné sur la présence de la sélection algérienne et de ses supporters, Lekjaa se veut rassurant et apaisant. «Sa Majesté le Roi a répété que nous avons toujours été un pays qui accueille les Algériens. Sur le territoire marocain, il y a des familles algériennes qui vivent et connaissent la qualité de cette cohabitation. La sélection algérienne, les supporters venus de l’Algérie ou de tous les coins du monde, seront accueillis dans un pays qui leur a toujours consacré un accueil chaleureux».

«Nous avons le potentiel pour aller chercher cette CAN»

Sur le plan sportif, l’ambition est claire: remporter la deuxième CAN de l’histoire du Maroc, après celle de 1976. «Nous sommes la première nation africaine depuis plus de deux ans, douzième au niveau mondial, nous avons un groupe composé de talents de haut niveau, avec un capitaine que vous connaissez bien, Achraf Hakimi. Nous avons le potentiel pour aller chercher cette CAN, après la première glanée en 1976. On n’est pas dans le rêve, on est dans l’ambition légitime».

Le parcours héroïque du Maroc au Mondial 2022 a laissé des traces, positives. «Nous sommes passés du statut d’outsider à celui de prétendant crédible. Contre la France, on a ressenti une frustration légitime. Cela servira le Maroc, mais aussi toutes les nations dites ‘petites’. Il ne faut plus s’autocensurer.»

Le Maroc, déjà tourné vers 2026 et 2030

S’il se projette volontiers sur la CAN, Lekjaa n’oublie pas la prochaine Coupe du Monde: «en 2022, on est passés d’une formation du quatrième chapeau qui ne passait pas les premiers tours face à des équipes comme la Croatie, la Belgique ou l’Espagne, à une équipe qui a regretté sa défaite contre la France (0-2, en demi-finales), et a estimé qu’avec un peu plus de réussite et de volonté, elle pouvait gagner cette Coupe du Monde. Cela va servir au Maroc, mais aussi à toutes les “petites équipes”: on ne doit pas se censurer».

Binationaux: «respecter les choix»

Sur la question des joueurs binationaux, qui cristallise parfois les tensions entre fédérations européennes et africaines, Lekjaa opte pour une position de principe. «Il faut faire la différence entre la nationalité en tant que telle et la nationalité sportive. Le choix sportif se fait en fonction du projet sportif de chaque pays, de l’ambition du joueur, de l’ambition du pays. Il faut respecter cela. Mais cela n’impacte en rien les origines “non-choisies” par le joueur. Le nom de Lamine Yamal, en vrai, est Amine Jamal, il a décidé de jouer pour l’équipe nationale espagnole. Personne n’a contesté son choix, tout le monde suit ses matchs avec enthousiasme en lui souhaitant le plus grand succès», explique le patron de la FRMF.

Yamal, un regret? «Dans la vie, il y a des bonnes et des mauvaises surprises. On souhaite bonne chance à Lamine Yamal, plus il prospérera, plus il donnera l’exemple aux jeunes Marocains, puisqu’il est Marocain», conclut Lekjaa.

Par Mohamed Yassir
Le 03/07/2025 à 10h29