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Amical. Cuba-Etats-Unis: quand le sport fait une passe décisive à la diplomatie

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Comme des joueurs de tennis de table et des lutteurs avant eux, Jürgen Klinsmann et l'équipe des États-Unis de football vont faire avancer les pions de la diplomatie américaine lors d'un match amical vendredi à La Havane.
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Jusqu'à récemment, la présence de joueurs américains à l'Estadio Pedro Marrero de La Havane était inconcevable, puisque les relations entre deux pays ennemis étaient marquées par l'embargo américain mis en place en février 1962.

Ce match amical -une première en football depuis 1947- est une nouvelle illustration du rapprochement lancé par Barack Obama à partir de décembre 2014. Klinsmann et ses joueurs vont marcher sur les traces d'Obama lui-même, en visite officielle de trois jours en mars 2016 pour sceller ce rapprochement.

Le sport a d'ailleurs permis d'intensifier la normalisation des relations américano-cubaines: dans un pays où le baseball est le sport roi, l'équipe professionnelle américaine des Tampa Bay Rays a ainsi affronté une sélection cubaine dès 2015.

«Une forme vertueuse de +soft power+»
La Ligue majeure de baseball (MLB) a organisé des stages et a de nombreux projets à Cuba, tout comme la NBA, la Ligue nord-américaine de basket-ball, tandis que le club de football du New York Cosmos s'est rendu sur l'île en juin 2015, pour affronter l'équipe nationale cubaine.

"A chaque fois qu'il peut y avoir dialogue à travers le sport plutôt qu'une guerre ouverte, c'est bien plus efficace", résume Derek Shearer, ancien ambassadeur des États-Unis en Finlande et professeur de relations internationales à l'Occidental College de Los Angeles.

"Le sport n'est pas un substitut à la diplomatie traditionnelle et ne peut remplacer un usage avisé du +hard power+ (littéralement puissance dure), mais cela peut être une forme vertueuse de +soft power+ (littéralement puissance douce ou pouvoir de convaincre)", note-t-il.

En la matière, les États-Unis n'en sont pas à leur coup d'essai.

Dès 1934, une équipe de baseball emmenée par la star Babe Ruth s'était rendue au Japon dans l'espoir de réduire les tensions entre les États-Unis et l'empire japonais, mais cette tournée n'avait pas permis d'éviter la guerre entre les deux pays.

La "diplomatie du ping-pong" a, elle, été couronnée de succès dans les années 1970 et a conduit à un rapprochement, longtemps inimaginable, entre les États-Unis et la Chine.

Les pongistes américains, de retour des Championnats du monde 1971 qui avaient lieu au Japon, ont passé quelques jours à Pékin à l'invitation de leurs homologues chinois, avec la bénédiction du régime: neuf joueurs participèrent des matches-exhibition du 11 au 17 avril. Jamais, avant eux, des sportifs américains n'avaient séjourné en Chine depuis la prise du pouvoir par le Parti communiste en 1949.

«Diplomatie du ping-pong»
Deux mois plus tard, les États-Unis levaient l'embargo sur la Chine. En février 1972, le président américain Richard Nixon s'était rendu en Chine pour une rencontre historique avec Mao Zedong.

"Ce qu'a montré la +diplomatie du ping-pong+, c'est que pour résoudre une situation diplomatique très compliquée, comme la normalisation des relations entre deux pays, il faut que tout aille dans la bonne direction, le sport aussi", rappelle Derek Shearer.

"Le Premier ministre Zhou Enlai voulait commencer à tourner la page de la Révolution culturelle et a saisi l'occasion pour inviter l'équipe des États-Unis de tennis de table en Chine, les gens du State Department (le ministère des Affaires étrangères aux États-Unis, NDLR) ont été assez intelligents pour accepter cette invitation", souligne-t-il.

"C'était clairement Zhou, avec le soutien de Mao qui disait +Nous voulons normaliser nos relations avec les États-Unis+ et cela a bien sûr simplifié les choses lorsque Nixon est venu plus tard", relève cet expert.

En 1999, Bill Clinton a tenté d'améliorer les relations très tendues avec l'Iran en envoyant l'équipe des États-Unis de lutte participer à un tournoi à Téhéran, sans grand effet d'un point de vue diplomatique.

"De tels événements sportifs restent malgré tout une bonne chose", conclut Shearer.

Par Le360 (avec AFP)
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