Le360 Sport: Vous êtes consultant pour beIN Sports pendant la CAN. Comment vous avez trouvé le niveau de cette édition?
Luis Fernandez: Ce n’est pas la meilleure Coupe d’Afrique des Nations de l’histoire. Contrairement aux années précédentes, la CAN s’est jouée en fin de saison. Une saison longue, difficile et éprouvante pour les joueurs, qui sont arrivés en Égypte épuisés. Lors des anciennes éditions qui se disputaient en janvier, le niveau de jeu était bien meilleur. Et autre point noir de ce tournoi égyptien: les stades vides. À l’exception des rencontres du pays hôte, les gradins étaient presque vides. Dommage!
L’Algérie et le Sénégal sont de belles équipes. Est-ce la finale idéale?
C’est une belle finale. Au vu de la prestation de l’Algérie tout au long de la compétition, je dirai que c’est un finaliste logique. On sent que Djamel Belmadi a apporté sa patte et changé énormément de choses. Il a créé un groupe avec un état d’esprit remarquable que ce soit au niveau de l’engagement, de la disposition, du replacement et dans le jeu. Il a réussi à fédérer ses joueurs autour de son projet.
Le Sénégal, pour sa part, n’a pas brillé par la qualité de son jeu. Grâce à l’expérience de certains de ses joueurs, cette équipe a réussi à se hisser jusqu’en finale. J’attends ce match avec impatience pour voir si Sadio Mané va briller, lui qui est un sérieux prétendant pour le Ballon d’Or après son succès avec Liverpool en Ligue des Champions.
Quel analyse faites-vous du parcours du Maroc en Égypte?
On attendait beaucoup de cette équipe marocaine, qualifiée pour la dernière Coupe du Monde et qui compte dans ses rangs des joueurs qui évoluent dans certains des plus grands clubs européens. Au moins qu’elle soit dans le dernier carré.
Mais quand on a de l’ambition, il faut le montrer. Et cela se déclare dans l’intensité et l’engagement dans le jeu. C’est vrai qu’une CAN n’est pas une Coupe du monde, et ça arrive de ne pas se donner à 100%. Résultat: les Lions de l’Atlas sont passés à côté de leur compétition et ça doit être frustrant. Mais ce n’est pas la fin du monde. Il ne faut pas baisser les bras, mais plutôt se remettre au travail et se préparer aux prochaines échéances, la CAN 2021 et le Mondial 2022. Le football a suffisamment d’arguments pour se relever et repartir de l’avant.
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Selon vous, quelles sont les raisons de cet échec?
Je suis toujours contre l’idée de choisir un bouc émissaire après les échecs. C’est un échec collectif, tout le monde a sa part de responsabilité. Ils ont raté le match qu’il ne fallait pas rater et se sont fait surprendre.
Votre dernière expérience en tant que coach remonte à 2016, le banc vous manque-t-il?
Je ne vous le cache pas le banc me manque. Je suis un passionné, quelqu’un qui aime être au contact avec un groupe, qui aime échanger. Je m’intéresse au jeu, aux nouvelles méthodes, aux schémas de jeu. Oui j’ai envie de revenir sur un banc. Et si ce n’est pas en tant que coach, ça pourrait être pour un autre challenge, dans une structure sportive professionnelle.
La saison dernière, vous étiez le directeur sportif du centre de formation du PSG, le poste de DTN du Maroc, pourrait être idéal pour vous, non?
La base du football d’aujourd’hui est la formation. Les clubs professionnels et les sélections l’ont compris. Il y a beaucoup de choses à développer et à mettre en place. Mais c’est un travail de tous les jours. J’ai eu l’occasion de travailler avec les jeunes au Paris Saint-Germain. Ils sont assez fragiles et pour les accompagner il faut leur donner de la force. Il faut savoir tenir un discours qui soit louable et juste pour qu’ils puissent progresser.
Les Qataris, que ce soit au PSG ou à beIN, doivent bien vous rémunérer. La FRMF, malgré tous les moyens dont elle dispose, risque de ne pas pouvoir s’aligner…
L’argent n’a jamais été ma principale source de motivation. C’est clair que chaque travail exige une rémunération en contrepartie, mais j’ai refusé de nombreuses sollicitions avec des offres financières très conséquentes. Ce qui m’importe le plus est le projet qu’on me propose. Un projet dans lequel je peux apporter quelque chose.
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Connaissez-vous le championnat marocain?
Je suis de temps en temps la ligue marocaine. Ils ont de grands clubs, qui participent régulièrement aux compétitions africaines, Raja, Wydad. Il y a beaucoup de passion et les stades sont toujours pleins.
J’ai eu également l’occasion d’assister à un match de la Renaissance de Berkane. J’ai également visité le club du FUS et l’académie Mohammed VI. Le Maroc dispose d’infrastructures sportives extraordinaires.
Et si un club marocain se manifeste un jour, on pourrait vous voir sur un banc de Botola?
Oui, ça pourrait se réaliser. J’ai donné mon feu vert à un ami, El Mahdi Taïb, pour prospecter et voir s’il y a d’éventuelles opportunités pour moi. Personnellement, j’étudie toutes les propositions qui s’offrent à moi. Si le projet m’intéresse, je ne dirai pas non.
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