La Fédération royale marocaine de football a adressé récemment aux clubs les textes réglementaires du statut de la société anonyme. Il a fallu beaucoup de temps pour passer à ce stade sachant que la loi 30/09 relative à l’éducation physique et aux sports court depuis 2010. Une loi qui est passée par tous les niveaux institutionnels et juridiques d’approbation mais qui demeure figée sur le plan pratique.
L’ex-ministre de la Jeunesse et des sports, Moncef Belkhayat, avait, pourtant, ficelé le dossier en signant les arrêtés ministériels avant son départ. Il ne manquait donc que le passage à l’exécution. Sauf que chez nous, la notion du suivi n’existe pas et que l’égocentrisme de chaque nouveau ministre le pousse à reprendre tout à zéro. Du coup, les réformes pour moderniser la gestion du sport demeurent lettres mortes, si l’on excepte les esquisses de quelques fédérations.
Les clubs, eux, continuent à nager dans les méandres de la mauvaise gestion. Pis encore, les rapports financiers ressemblent à des chiffons où l’on enveloppe n’importe quelle dépense avec n’importe quel justificatif. A tel point que chaque nouveau président ne cautionne pas et conteste systématiquement les comptes de son prédécesseur.
La polémique gronde et ce qui se passe entre l’ex- président du Raja, Mohamed Boudrika et son successeur, Said Hasbane, ainsi qu’entre Mohamed Akram et Said Naciri du WAC, est vraiment pathétique.
On comprend bien cette guerre puisque les deux clubs brassent des millions de dirhams sans qu’ils ne soient soumis à un contrôle strict. C’est pour cela que beaucoup de dirigeants rechignent à passer en mode société anonyme qui exige bonne gouvernance et transparence.
Le nouveau statut du club vise justement à instaurer la bonne gestion par la transformation en SA tout en gardant une part à l’association. Cette dernière detiendra 1/3 du capital, les deux tiers des actions étant réservés aux nouveaux investisseurs. Le conseil d’administration formé par ces derniers aura la charge de la gestion financière et du club.
Au moment de la promulgation de la loi sur la SA, certaines voix se sont élevés pour contester sa faisabilité en arguant qu’aucun investisseur ne s’aventurera dans un club de football. L’ex-ministre, Moncef Belkhayat a une solution toute faite, pertinente par ailleurs: «Depuis des décennies, des sociétés, des établissements publics et autres offices sont passés du parrainage au sponsoring pour s’impliquer aujourd’hui davantage dans la gestion des clubs. L’OCP (OCK, OCS), Ingelec (WAC), Siera (Raja), la CDG (FUS) sont déjà actionnaires par défaut et rien ne les empêche de devenir, de facto, actionnaires directs dans la club en rajoutant la bonne gouvernance et la formation »
Le seul hic, c’est que cette transition nécessite du temps. Moncef Belkhayat qui est le précurseur de cette loi, estime qu’il faudrait attendre 2020 pour que tous les clubs passent en mode SA. Un peu long. Ce qui laisse le temps à la gestion à l’épicerie des dirigeants de prospérer encore. Quand on ne paye ni impôt sur la société, ni impôt sur le revenu, ni la TVA et qu’on brasse des millions de DH sans aucun contrôle, on va se précipiter pour les débourser...