Coronavirus. Football: faut-il mettre un terme à la saison?

“Le football est l’opium du peuple” et depuis l’arrêt des championnats, en raison du coronavirus, des centaines de millions d’amateurs du ballon rond sont en manque. Nostalgiques des dribbles de Messi, des chevauchées de Neymar ou encore des buts venus d’ailleurs de Ronaldo, ils espèrent une reprise rapide dès la fin du confinement.

Un souhait partagé avec les dirigeants du football mondial qui envisagent un retour à la normale cet été our terminer la saison en cours et sauver leur «commerce».

Car au-delà du côté sportif pur et dur, le football est un show monumental qui donne le vertige: des milliers de rencontres par semaine, au rythme effréné, des centaines de millions de téléspectateurs et, surtout, des milliards de dollars. Une vraie machine économique qui a une farandole de produits, vendus dans les quatre coins du monde: des matches, des émissions, des retransmissions télé, des sites Internet et une gamme infinie de produits dérivés...

Mais une reprise serait une mauvaise idée, selon le coprésident de l’Union nationale française des footballeurs professionnels (UNFP), Sylvain Kastendeuch, qui estime qu’elle serait «précipitée et dangereuse». Dans une tribune publiée sur le site français Le Monde, Kastendeuch appelle à l’arrêt des compétitions si les conditions de sécurité pour les joueurs ne sont pas réunies.

En effet, les décideurs du football mondial oublient que la première «marchandise» de cette industrie, certainement la plus précieuse, ce sont ses joueurs stars, ces icônes des terrains qui pèsent chacune des centaines de millions de dollars. Que serait ce sport sans les footballeurs?

«Nous devons donc prendre soin d’eux et les préserver contre les risques auxquels ils sont exposés», ajoute le coprésident de l’UNFP.

Une récente analyse médicale menée par l’UNFP et la Fifpro (Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels) alerte sur les risques physiques élevés en cas de matchs organisés tous les trois jours après une si longue période d’arrêt: fatigue accentuée, augmentation par six de l’incidence des blessures musculaires dès la fin du deuxième match et baisse de la performance.

«Ces risques doivent-ils être pris?», se demande Kastendeuch: “c’est un enjeu véritable pour les joueurs, pour leur carrière, au-delà, pour l’ensemble de la filière et, surtout, pour le spectacle que le football pourra offrir”.

L’ancien international français appelle à une réflexion collective pour que tous les acteurs du sport roi sortent gagnants de cette crise.