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Fifa: deux ans et demi après le scandale, le procès s’ouvre à New York

L'ex-président de la grande fédération brésilienne José Maria Marin (c), le 6 novembre 2017 à son arrivée au tribunal de Brooklyn © Copyright : DR © AFP Don Emmert
Trois anciens patrons du football sud-américain qui clament leur innocence dans le scandale de corruption de la Fifa sont arrivés lundi au tribunal de Brooklyn pour l'ouverture de leur procès, censé exposer les millions de pots-de-vin qui ont gangréné 25 ans durant le gratin du football mondial.
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Deux ans et demi après l'arrestation spectaculaire de sept haut responsables de la Fifa à Zurich, la juge fédérale Pamela Chen a lancé la sélection des jurés dans cette affaire qui a décrédibilisé les barons du football mondial, "l'une des enquêtes financières internationales les plus complexes jamais menées", selon le fisc américain.

La justice américaine a mis en cause au total 42 individus et deux sociétés de marketing sportif dans ce dossier qui tourne principalement autour de centaines de millions de dollars de pots-de-vin versés pour l'octroi de contrats de marketing et de droits télévisés de nombreux tournois.

Mais seuls trois anciens dirigeants sud-américains sont au banc des accusés pour ce procès qui, après la sélection parmi un pool de 240 jurés potentiels, devrait entrer dans le vif du sujet lundi prochain avec les plaidoiries des deux parties. Les avocats de la défense s'attendent à ce qu'il dure six semaines environ.

- 'Arrêtez les Brésiliens corrompus' -

Le plus en vue des accusés est l'ex-président de la grande fédération brésilienne, José Maria Marin. A 85 ans, il est l'un des plus âgés de tous les inculpés. Arrivé le premier au tribunal en costume sombre et cravate bleue, le pas vaillant, un avocat à chaque bras, il n'a fait aucune déclaration.

"Etats-Unis: aidez nous à arrêter les Brésiliens corrompus", pouvait-on lire sur une banderole tenue par deux Brésiliens devant le tribunal.

José Maria Marin, qui sera assisté d'un traducteur, était suivi de Manuel Burga, 60 ans, qui dirigea la fédération péruvienne de 2002 à 2014 et fut membre du comité de développement de la Fifa. Et enfin Juan Angel Napout, ex-président de la fédération paraguayenne et de la confédération sud-américaine Conmebol, accompagné de Silvia Pinera-Vasquez, sa flamboyante avocate de Floride, en veste rouge vif.

Tous trois ont été extradés aux Etats-Unis et ont dû verser des cautions de 15 à 20 millions de dollars pour rester en liberté surveillée jusqu'à l'issue du procès. Interrogé sur ce que serait la défense de M. Marin, l'un de ses avocats, le Brésilien Julio Barbosa, est resté prudent: "il s'est déclaré non coupable et continue à se considérer non-coupable", a-t-il dit à quelques journalistes. 

Fédération Brésilienne

Juan Angel Napout, ex-président de la fédération paraguayenne et de la confédération sud-américaine Conmebol, le 6 novembre 2017 à son arrivée au tribunal de Brooklyn

© Copyright : DR © AFP Don Emmert

- Défense 'très optimiste' -

L'avocate de Napout, Silvia Pinero-Vasquez, s'est dite "très optimiste", "très contente que Juan (Napout) puisse présenter sa défense après deux ans d'attente".

Les trois accusés sont visés par des chefs d'inculpation de corruption et fraude passibles, chacun, de peines allant jusqu'à 20 ans de prison.

S'ils ne sont pas les figures les plus en vue du scandale de la Fifa, qui a précipité la chute de son président, Sepp Blatter, leur défense est rendue délicate par les 24 inculpés ayant déjà plaidé coupable dans cette affaire.

Le premier d'entre eux a été Chuck Blazer, ex-membre du comité exécutif de la Fifa qui fut pendant 21 ans secrétaire général de la confédération Concacaf, regroupant les fédérations d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes.

Décédé d'un cancer en juillet, ce New-Yorkais qui vivait en pacha dans son appartement de la Trump Tower à Manhattan avait été arrêté dès 2011 et accepta de devenir un informateur de la police fédérale (FBI) et d'enregistrer ses pairs de la Fifa.

Il a apporté aux enquêteurs les preuves les plus tangibles d'une corruption endémique parmi les grands barons du football.

D'autres puissants anciens dirigeants de la FIFA sont absents de ce procès, comme Jack Warner, l'ex-patron de la Concacaf, débarqué dès 2011 pour des soupçons de corruption et inculpé par la justice américaine en mai 2015.

Originaire de Trinité-et-Tobago où il est revenu après sa radiation à vie de la Fifa, ce septuagénaire considéré comme un héros dans son pays, qui fut ministre et parlementaire, combat son extradition vers les Etats-Unis.

Absent aussi Jeffrey Webb, qui succéda à Jack Warner à la Concacaf et que beaucoup voyaient comme un Monsieur Propre avant qu'il ne soit accusé lui aussi d'avoir empoché plusieurs millions de dollars de pots-de-vin.

L'accusation n'a pas voulu dire s'il serait appelé comme témoin.

A ce jour, deux condamnations seulement ont été prononcées, pour des protagonistes relativement mineurs de ce dossier: un adjoint de M. Webb, Costas Takkas, vient d'entrer en prison pour trois mois tandis que l'ex-président de la fédération guatémaltèque, Hector Trujillo, écopait de huit mois d'emprisonnement.

Aussi mineur que soit M. Trujillo, il a "trahi la confiance" de ses concitoyens et leur "amour pour le football", estimait récemment Pamela Chen, la juge en charge de tout le dossier

Par Kebir Bhyer
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