La nouvelle procédure d’octroi de la Coupe du monde 2026 est truffée de bons mots: éthique, transparence, intégrité, et d'une multitude de vertus concernant la bonne gouvernance. Sur la forme, le texte est agréable à lire, mais dans le fond il cache une fausse démocratie qui n’a rien à envier à la dictature de Sepp Blatter.
Malheureusement, les vraies intentions contredisent les mots au fur et à mesure que l’on va plus loin dans le texte. L’avant propos et le préambule sont on ne peut plus encourageants: «Le processus de sélection du ou des pays hôte(s) de ce premier rendez-vous mondial à quarante-huit équipes se doit d’être au-dessus de tout soupçon.» Ô que c’est bien dit. Mais tout devient plus flou quand la FIFA évoque la création d’un groupe de travail chargé de l’évaluation des candidatures à l’organisation de la Coupe du monde 2026.
Cette «commission» qui est nommée par le Conseil de la FIFA est composée par des experts issus de l’administration et de ses commissions permanentes. Ils auront la lourde tache d’évaluer les offres de chaque candidat : «Leurs évaluations se baseront sur des critères clairs et objectifs avec un score attribué à chaque composante spécifique de la candidature».
En fait leur mission n’est pas aussi lourde que cela puisque les rapports qu’ils vont établir ne serviront à rien quand ils seront sur la table des barons de la FIFA. Cette commission n’est que consultative car le fameux conseil a la possibilité de trancher. C’est écrit noir sur blanc dans le rapport de la FIFA: «Les rapports qu’ils (les membres de la commission. ndlr) rédigeront par la suite, seront soumis à la considération du Conseil de la FIFA. Notre organe stratégique étudiera ces rapports et déterminera les candidatures à proposer au vote du Congrès de la FIFA…»
Autrement dit c’est au sein de ce Conseil de la FIFA que tout va se décider. Il est composé de 36 membres issus des élections de leurs confédérations respectives : UEFA (9) CAF (7) AFC (7) Conmebol (5) Concacaf (5) et OFC (3) auxquels il faut ajouter le président de la FIFA.
Un conseil qui est une copie conforme du comité exécutif de Sepp Blatter. Et ce nouveau-né de la FIFA, à en croire les textes, dispose d’autant de pouvoir absolu que son prédécesseur, sinon plus, avec ses 37 membres au lieu de 24 précédemment.
Donc, on ne peut pas passer à la case élection au congrès de la FIFA en juin sans passer par la phase sélection dudit conseil. Autant dire que c’est la dictature (de la FIFA) qui prévaut sur la démocratie du congrès pour choisir le pays qui va organiser le Mondial 2026. «C’est ainsi que le choix final du ou des pays hôte(s) de la Coupe du Monde 2026 sera fait à l’issue d’un vote ouvert impliquant nos deux cent onze associations membres».
Si cette procédure est appliquée à la lettre et qu’un candidat (par exemple le Maroc) est éliminé d’office avant le vote final, cela provoquera un scandale qui risque de secouer terriblement Infantino dans ses projets de réélection. Hypothèse: s’il ne reste qu’un seul candidat et que la majorité des votants le rejette, que va-t-il se passer ? Dans tous les cas personne ne veut être à la place du président de la FIFA.