Vidéo. Équipe nationale. El Haddadi: ce profil qu'on n'a pas, et qui mérite le pardon

Les journalistes espagnols sont unanimes. Si le Maroc gagne le dossier Munir, c'est une grande perte pour le football espagnol. Non pas parce que c'est un serial buteur qui claque 40 buts par saison -on en est pas encore là-, mais parce que c'est un talent brut, qui doit gagner confiance en lui pour exploser aux yeux du monde. 

Et qui d'autre est mieux placé pour donner confiance à un joueur que le sélectionneur, Hervé Renard? Si Munir n'est plus convoqué en Espagne depuis le match de la Roja face à la Macédoine en éliminatoire de l'Euro, c'est parce que le joueur a perdu de son niveau flamboyant lors de ses débuts avec le Barça. La faute au sélectionneur de l'époque, Del Bosque, qui l'a convoqué pour bloquer la route au Maroc qui le courtisait, lui faire vendre du rêve pour ne plus jamais le rappeler. L'entraîneur champion du monde s'est excusé publiquement, et a déclaré espérer voir ce joueur porter le maillot du Maroc, juste pour se sentir moins coupable.

Coupable de quoi? Justement, le fait de ne plus convoquer un si jeune joueur, et de ne plus prendre de ses nouvelles le casse psychologiquement. Surtout quand il hésitait entre deux nationalités sportives... il se sent comme dupé, abandonné par son propre pays formateur. La perte de confiance lui a fait perdre tous ses moyens et donc sa place au Barça. Prêté dans la foulée au FC Valence, il retrouve un peu de ses couleurs, marque contre le Barça, joue la préparation avec les Catalans pour être finalement encore prêté à Alavés.

Mais entre temps, le joueur avait changé d'avis. Il avoue regretter son premier choix, et lors d'une visite au Maroc, il se fait inviter par la Fédération royale marocaine de football pour suivre le match Maroc-Pays-Bas (1-2) au mois de mai dernier. Présent à Agadir avec des membres de sa famille, il s'est entretenu avec des membre de la FRMF, pour confier son regret de ne pas avoir opté pour le Maroc. Lekjaa lui promet alors que la fédération va tout faire pour qu'il puisse porter le maillot des Lions de l'Atlas. 

Il faut dire qu'à ce moment-là, la qualifications des Lions de l'Atlas au Mondial n'était pas encore acquise, puisque le Maroc avait encore quatre matchs éliminatoires à disputer contre le Mali (2), le Gabon et la Côte d'ivoire.

Son cas n'est pas le premier à atterrir sur les bureaux du Tribunal arbitral du sport  (TAS). Iturbe, la star de la Roma qui a la double nationalité (Argentin et Paraguayen) avait fait la même demande. Après avoir représenté très jeune l'Albiceleste, il n'a plus été convoqué... et a décidé de porter le maillot du Paraguay. Désormais, il fait partie des cadres de cette sélection. Tout cela pour dire que c'est mesquin de lier l'amour de la nation avec un maillot porté sur le dos. Plusieurs joueurs naturalisés ont rapportés des titres à leurs nouvelles nations.

Personne n'a douté de l'amour de Clayton et Dos Santos pour la Tunisie quand ils ont fait chuter les Lions de l'Atlas en finale de Coupe d'Afrique en 2004.

Avec El Haddadi on est loin de parler de naturalisation... C'est juste un petit qui regrette un choix, et qui demande une deuxième chance. Pourquoi ne pas lui pardonner une erreur de jeunesse, alors qu'on est dans le grand besoin d'un buteur qui joue au plus haut niveau? Pourquoi le priver de cette revanche qu'il a envie de prendre sur l'Espagne qui l'a dupé? Bientôt le TAS lui accordera le droit de jouer pour les Lions de l'Atlas. Il ne restera plus à Hervé Renard qu'à trancher...

Ce qui est certain, c'est que la dernière fois que les Marocains étaient aussi durs avec des joueurs, c'était lors de l'affaire Dirar-Belhanda, qui ont répondu à des supporters... La suite on la connaît. Ils sont revenus d'Abidjan avec Ziyech et les autres, et on les a porté aux nues.