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Lutter contre la violence, c’est aussi lutter pour offrir un avenir à ceux qui la provoque

© Copyright : Khalid Gueddar
La violence dans les stades est une variante de la violence de la société et exprime un malaise social qui n’a absolument rien à voir avec le football. Les émotions que génère ce sport, dont la popularité n’est plus à démontrer, sont aux antipodes de la violence.
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La récente décision de la Fédération royale marocaine de football de faire jouer l’équipe de l'AS FAR à huis clos les cinq prochains matchs à domicile fait suite aux violences qui ont éclatés il y a quelques jours entre supporters, en marge du match FAR-Wydad, à Kénitra.

Ce n’est malheureusement pas la première fois que la FRMF se voit contrainte de prendre une telle décision.

Les supporters de l'AS FAR se sont souvent illustrés ces dernières années par un comportement d’une rare violence. Ce ne sont malheureusement pas les seuls, le vandalisme dont souffre le voisinage du Stade Mohammed V à l’occasion des matchs du Wydad ou du Raja, ou pire lors des derbys, revient à l’esprit dès que l’on soulève le sujet.

La violence dans les stades est une variante de la violence de la société et exprime un malaise social qui n’a absolument rien à voir avec le football. Les émotions que génère ce sport, dont la popularité n’est plus à démontrer, sont aux antipodes de la violence.

Il y a certes un sentiment d’appartenance qui se noue à travers le pays, la ville, le quartier ou même l’employeur et qui nourrit une communauté de destins via les résultats de son club favori, mais ça ne devrait jamais dégénérer.

Les supporters de football aiment le spectacle qui lui est lié et se déplacent en masse lorsque leur équipe favorite est opposée à une équipe plus forte avec des joueurs talentueux.

Timoumi, joueur emblématique des FAR de Rabat, a souvent été applaudi chaleureusement par le public casablancais. Feu Dolmy, Bouderbala, Faras ou Bassir également sur tous les stades du Maroc. Ce n’est donc pas le football qui génère la violence, mais force est de constater qu’il en est victime.

Une étude parue dans le Central European Management Journal et reprise par un site généraliste marocain avait tenté de fournir quelques éléments d’explications. Il en ressort que la violence concerne essentiellement les jeunes du niveau primaire, secondaire ou les personnes illettrées des milieux socio-professionnels défavorisés. 

Cette violence ressemble à celle qui est née, il y a encore quelques années, en Angleterre avec les Hooligans. Ce phénomène a connu son paroxysme avec le drame du Heysel. C’était en 1985 lors d’une finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions entre Liverpool et la Juventus. Un mouvement de foule provoqué par les supporters anglais s’est terminé en tragédie avec des dizaines de morts.

Ce phénomène quasi éradiqué pour les anglais persiste dans le reste de l’Europe et la mort d’un jeune supporter nantais la semaine dernière vient de nous le rappeler brutalement. Jadis localisé dans les stades, les affrontements entre supporters, les plus ultras d’entre eux, se sont déplacés dans les rues adjacentes dans des «before» et «after» particulièrement sanglants.

Cette violence s’est malheureusement exportée et, est aujourd’hui au cœur de la société. En Algérie, ou les rassemblements sont craint comme la peste, tous les matchs se jouent à huis clos. Le régime a la hantise de voir le Hirak se reconstituer pour finir le travail. Ce mouvement avait sérieusement ébranlé le régime militaire au point de chasser Bouteflika et sa bande du pouvoir.

Au Maroc où les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien se sont multipliées ces dernières semaines, la sérénité l’emporte. Mais rien ne nous met à l’abri. Pour éviter tout débordement dans les rassemblements, il faut apprendre à canaliser la violence.

Les supporters doivent s’organiser en associations. Le modèle des Peñas (on prononce pényas) en Espagne est un bon exemple à développer au Maroc. Ces associations de supporters sont constituées par quartier, par villes et par pays. Les clubs marocains doivent encourager la création de ce type d’associations. Le Wydad, le Raja, le MAS ou les FAR ont un capital affectif important dans leurs quartiers et dans plusieurs autres villes du Maroc, ils doivent s’organiser en conséquence. Les Peñas en Espagne ont un lien important avec le club et les supporters passent par elles pour l’achat des billets des matchs. Ces associations sont également reconnues par les autorités et disposent de carrés dans les stades pour l’emplacements de leurs «socios». Les enfants, non accompagnés sont interdits et les fauteurs de troubles obligés de pointer au commissariat les jours de matchs.

La dynamique dans laquelle s’est inscrit le football marocain, loué par la FIFA et par la CAF, mérite d’être maintenue d’autant que le Maroc s’apprête à accueillir les plus belles équipes du continent dans un peu plus d’un an et la crème du football mondial en 2030.

C’est dans cet esprit qu’un certain nombre de Masters d’études sont en train de se mettre en place au Maroc, pour l’apprentissage et la formation en management sportif. D’autres cursus sont prévus pour les métiers de stadiers et animateurs.

Un match de football c’est avant tout un événement et l’événementiel a ses règles. Lutter contre la violence c’est aussi lutter pour offrir un avenir à ceux qui la provoquent.

Par Larbi Bargach
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