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Le Maroc et le Sénégal U17 en finale à Alger, la logique sportive a prévalu

La joie des Lionceaux de l'Atlas U17 contre le Nigéria, le mercredi 3 mai 2023. © Copyright : CAF
D’abord des officiels algériens ont annoncé qu’ils n’assisteront pas à la finale. C’est pourtant une compétition organisée par la FAF, fédération algérienne. C’est une curieuse conception de l’organisation d’événements sportifs et une surprenante façon de diffuser les valeurs du sport.
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Les instances en charge du football doivent être complètement indépendantes du pouvoir politique, à défaut les fédérations affiliées à la FIFA risquent la suspension de toutes les compétitions qu’elle organise. Ce combat, mené par l’organisme le plus puissant du football mondial, rencontre souvent des difficultés d’application tant la frontière entre football et politique est difficile à tracer.

Le football est un jeu avec des enjeux qui le dépasse. Absent pendant de longues années de l’événementiel sportif, l’Algérie s’est rattrapée, au sortir du Covid et du Hirak, qui a sérieusement ébranlé le régime militaire algérien. En effet l’Algérie vient d’organiser pêle-mêle les Jeux méditerranéens, le CHAN, la Coupe Arabe des Nations U17 et la CAN U17, qualificative à la Coupe du Monde de la catégorie.

Le pays s’est donné les moyens de ses ambitions en construisant, à la va-vite, des stades de football aux normes internationales. Un véritable exploit pour un pays qui détient de tristes records en termes de délais de construction d’infrastructures. Il faut dire que les instances dirigeantes étaient particulièrement motivées depuis que l’équipe des Fennecs a été obligé de jouer un match qualificatif à la Coupe du Monde Qatar 2022 à Marrakech face au Burkina Faso. Ce pays ami du Maroc a choisi, comme beaucoup d’autres, un stade marocain pour recevoir l’équipe nationale d’Algérie démontrant au passage la qualité des infrastructures du pays.

Les motivations politiques derrière cette frénésie organisationnelle étaient évidentes, elles s’inscrivent dans un projet «l’Algérie est de retour» sans cesse rabâché lors des interviews et déclarations officielles. Mais il y avait également des motivations sportives, la victoire de l’équipe nationale «amateur» algérienne en Coupe Arabe des Nations en 2021 au Qatar avait ouvert l’appétit des dirigeants algériens en manque de gloire et de légitimité. On se souvient de la réception offerte aux joueurs à leur retour par le duo au pouvoir et surtout par les propos «prémonitoires?» de M. Tebboune qui prédisait une présence algérienne en demi-finale de la Coupe du Monde à Qatar et une victoire en Coupe d’Afrique des Nations dont l’Algérie était le champion en titre.

On sait ce qu’il en advint, l’équipe nationale sortie dès la phase de groupe à la CAN, et éliminée par le Cameroun, des qualifications à la phase finale de la Coupe du Monde, à domicile à la dernière seconde du match retour. Elle avait pourtant remporté le match aller à Yaoundé.

Depuis la politique n’a plus quitté le sport algérien: refus de recevoir sur leur sol les avions de la RAM, pourtant transporteur officiel des équipes nationales marocaines, discours téléguidé, haineux et guerrier du plus controversé des descendants de Nelson Mandela en cérémonie d’ouverture du CHAN et chants racistes anti-marocains orchestrés par des milices sur les stades algériens. Une bagarre a même été déclenché lors de la finale de la Coupe arabe de football des moins de 17 ans qui a opposé en septembre à Alger, le Maroc à l'Algérie pays organisateur.

Malgré la rivalité qui oppose les deux pays, les matchs entre eux se sont toujours terminés dans le fairplay et le respect. L'esprit sportif est toujours sorti grand vainqueur des confrontations entre les deux pays, que l’on peut qualifier de frères, tant les liens de sangs sont multiples. C’était à nouveau le cas, et il faut le souligner, lors du match qui a opposé les jeunes U17 en quart de finale cette année. Les vidéos qui circulent du match sont à la fois émouvantes et rassurantes. Ce qui l’est moins ce sont les rumeurs qui circulent depuis que l’équipe nationale marocaine est officiellement qualifiée pour la finale de la CAN U17, prévue ce soir.

D’abord des officiels algériens ont annoncé qu’ils n’assisteront pas à la finale. C’est pourtant une compétition organisée par la FAF, fédération algérienne. C’est une curieuse conception de l’organisation d’événements sportifs et une surprenante façon de diffuser les valeurs du sport. Ensuite on annonce un public embrigadé et motivé pour déstabiliser les jeunes marocains. Il y aura bien sûr les milices mandatées par le régime mais aussi de jeunes algériens pour qui une victoire marocaine en terre algérienne sera dur à avaler tant ils sont biberonnés à la haine du pays voisin.

Jamais sous Boumediene, Chadli ou Bouteflika la haine du Maroc n'a été autant diffusée officiellement. Il faut pourtant savoir que diffuser la haine c'est dangereux, elle se retourne souvent contre celui qui la propage. La première victime en a été cette jeune équipe algérienne des U17 à qui on a voulu faire porter le poids d’un conflit qui la dépasse. Elle a fini par craquer devant une telle pression. C’est le Maroc et le Sénégal qui sont en finale U17. Deux pays que tout rapproche, l’histoire, la religion, la fraternité et des liens puissants jamais distendus. Leur présence, à ce stade de la compétition s’explique par le talent des joueurs, la qualité des encadrants, la rigueur et la discipline tactique déployée tout au long de la compétition.

Pour ces deux pays c’est la logique sportive qui a prévalu, la seule qui compte lorsqu’on veut transmettre les valeurs du sport aux générations futures.

Par Larbi Bargach
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