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Lionnes de l’Atlas: un rêve envolé, mais des perspectives prometteuses

Le onze des Lionnes de l'Atlas. © Copyright : DR
Le rêve olympique des Lionnes de l’Atlas s’est évanoui mardi dernier à Rabat. Les prolongations du match retour devant la Zambie ont été fatales à des joueuses courageuses, volontaires, mais terriblement maladroites dans le geste final. Toutefois, les protégées de Jorge Vilda n’ont pas à rougir de leurs deux prestations face aux coéquipières de Barbara Banda. Bien au contraire, leur marge de progression est si importante qu’elle peut augurer de belles perspectives à l’avenir.
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L’arbitre rwandaise du match Maroc-Zambie vient d’annoncer la fin des hostilités entre les deux équipes. Les coéquipières de la capitaine Hanane Aït El Haj sont effondrées sur la pelouse du Stade Moulay El Hassan de Rabat. Leur débauche d’énergie n’aura servi à rien. Pourtant, pendant 120 minutes, elles ont tout donné face à des adversaires plus solides physiquement. Le déficit physique dans les duels et les deuxièmes ballons aura justement été le talon d’Achille des Marocaines, que ce soit au match aller à Ndola ou au retour à Rabat.

Cette lacune, alliée à une certaine frilosité tactique en première période, a été la principale cause d’un échec que peu d’observateurs attendaient. Le manque d’efficacité dans les deux zones de vérité aura été également fatal. Il est d’ailleurs inconcevable qu’au match aller, Jraïdi et Saoud aient loupé pas moins de quatre face-à-face plus difficiles à rater qu’à concrétiser. À Rabat, Jraidi, d’habitude serial buteuse, a encore failli trois fois. Idem pour Ouazraoui à bout portant, et Benzina sur un heading de peu à côté.

Défensivement, la sortie sur blessure de Rebbah a été un tournant important, tant la sociétaire de l’AS FAR aura été déterminante dans les duels face à des attaquantes zambiennes très percutantes. Sa remplaçante, Nouhaila Benzina, aura manqué de justesse technique et de punch. Sa première intervention a coûté un but à une sélection qui avait besoin de finir ce match retour sans concéder de but.

Toutefois, ce bilan technico-tactique n’enlève rien au mérite des joueuses et de leur staff technique. En effet, depuis son arrivée, Jorge Vilda a réuni les joueuses locales quasiment chaque semaine, du lundi au vendredi, pour travailler leurs gammes. Cette mise à niveau a été plus que bénéfique, comme le prouve la réaction après le premier but zambien au match retour. Une attitude pleine de qualité au niveau des enchaînements offensifs. La méthode Vilda, inspirée du jeu de la sélection espagnole, devrait permettre au groupe d’améliorer son arsenal tactique et son animation offensive. Si l’adresse et la concentration dans le dernier geste sont au rendez-vous, l’équipe pourra faire très mal à l’avenir.

Eh oui, il est question de futur proche avec une CAN dans quelques mois à domicile. Finalistes en 2022, les coéquipières de Ghizlane Chebbak doivent élever leur curseur et briguer le titre suprême. Nous sommes loin de l’époque où notre sélection féminine avait pour seule ambition de se qualifier à la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations.

Sur le plan structurel, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a lancé un véritable plan Marshall pour professionnaliser le foot féminin. À court terme, elle a pris en charge le salaire des joueuses, des coachs et des préparateurs physiques. Ensuite, l’instance faîtière de notre football a fait le ménage, infligeant de lourdes sanctions aux dirigeants pris la main dans le sac par rapport aux gains des joueuses. La FRMF a également imposé un cahier des charges draconien: désormais, les clubs de la Botola Pro 1 et 2 doivent posséder une section féminine pour pouvoir prendre part au championnat.

Deuxième jalon dans ce processus de restructuration: le chantier de la formation des joueuses. Depuis trois ans, le programme sport-études initié à Maâmora commence à donner ses fruits. Les sélections U17 et U20 ont réussi pour la première fois à se qualifier pour la Coupe du monde. Un programme de formation de jeunes arbitres femmes, âgées de 15 à 17 ans, est en cours. Ce travail, mêlant pédagogie, cours théoriques et exercices sur le terrain, devrait permettre au Maroc de figurer régulièrement dans le top 4 africain.

Enfin, le travail de captation des talents d’origine marocaine en Europe ou aux États-Unis se poursuit. Depuis 2 ans, Reynald Pedros avait su poser la première pierre d’une sélection qui a su se bonifier avec les joueuses de la diaspora. Aux «taulières» venues d’Europe, à partir de 2016, à l’instar d’Élodie Nakkach, sont venues s’adjoindre des pépites comme Nesryne El Chad, MVP espoir lors des derniers CAF Awards, Yasmine Mrabet, Rosella Ayane, Imane Saoud, Anissa Lahmari ou encore les très jeunes Yasmine Zouheir ou Jade Nassi. Certaines représentent le présent, et d’autres sont appelées à prendre le timon de la sélection, en attendant l’arrivée de la cuvée qui disputera l’automne prochain la Coupe du monde U20 en Colombie.

Voilà pourquoi cette équipe mérite tout l’appui du microcosme du football marocain. Si l’objectif de Paris 2024 a été manqué de peu, d’autres challenges attendent un groupe appelé à grandir et à progresser au fil du temps et des compétitions. Depuis 24 mois, nos Lionnes ont brisé tous les tabous et tous les préjugés concernant le football conjugué au féminin. Une chance que n’ont pas eue leurs aînées, à l’instar de la génération de Nadia Makdi, alias Tigana. Des fois, dans la vie comme en football, on apprend plus des défaites que des larges victoires. Et parfois, il vaut mieux reculer pour mieux sauter… et, pourquoi pas, marquer l’histoire.

Par Amine Birouk - Rédacteur en chef de Radio Mars
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